La petite Ukrainienne…
C’était une fin d’après-midi, voici quelques jours. Je rentrais chez moi et, au moment où je m’apprêtais à changer de bus, une jeune fille, sortit du même bus, traînant un lourd cabas. Elle me fit comprendre qu’elle souhaitait traverser l’avenue très large, sans passage pour piétons…
Je compris qu’elle se dirigeait dans la même direction que moi et nous profitons du peu de circulation pour traverser en ensemble l’avenue.
Une fois sur le trottoir d’en face, j’essaie de savoir d’où elle vient. Elle sort alors un portable de sa poche, et après avoir appuyé sur une touche, m’invite à parler… « Quel est votre pays et quel est votre prénom ? » Ma phrase s’inscrit aussitôt français sur son appareil et se transcrit dans sa langue. Elle dicte alors sa réponse qui s’inscrit en français : « Je m’appelle Mariya et suis Ukrainienne. »
Commence alors une longue conversation par téléphone interposé. Je crois comprendre qu’elle veut se rendre dans une commune voisine. « Mais vous vous être trompée de direction. Il faut reprendre le bus dans lequel vous étiez. » – « Non. C’est de cette commune que je que viens et je veux aller dans telle autre. » – « Alors il y a un arrêt à quelques centaines de mètre d’ici. Je vais vous montrer. Nous prendrons le même bus, et moi, je descendrai avant vous. »
J’apprends que son père est sur le front en Ukraine et que sa mère, handicapée et ne pouvant pas travailler, est dans un foyer de la Croix-Rouge tout proche.
Et voilà que moi qui voyais en elle une toute jeune fille, je découvre qu’elle a 24 ans et se rend chez sa sœur qui garde son fils de 6 ans !…
Elle apprend le français – qui est une langue très difficile – pour pouvoir travailler.
Je suis tellement surpris en découvrant qu’elle a un tout jeune fils, que je n’ai pas la présence d’esprit de lui demander si son mari est au front. Il y a toutes les raisons de penser qu’il s’y trouve.
Elle me dit qu’elle est chrétienne et espère retourner rapidement dans son pays. Puisse Dieu l’exaucer, mais combien de temps encore va durer cette maudite guerre ?!…
Le temps passe et vient le moment des « Adieux ». Des « Adieux », oui, car nous ne nous reverrons jamais. Je lui dis que je suis chrétien moi aussi, et que, ce soir-là, j’aurai une pensée, avant de m’endormir pour elle, pour tous les membres de sa famille, pour tous ces soldats des deux camps emportés dans une guerre qu’ils n’ont pas voulue, et pour toutes ces victimes civiles dont les habitations sont détruites, obligées de s’exiler ou se réfugiant dans des caves non chauffées, sans eau, sans électricité et avec de maigres vivres distribués par les militaires !…
Maudites, oui maudites soient les guerres qui déchirent des peuples n’aspirant qu’à vivre et mourir en paix là où ils sont nés. Et maudits soient ces va-t-en-guerre cruels et sans âme, qui n’hésitent pas à faire couler de sang de tant d’innocents !…
Une semaine s’est écoulée et voici une nouvelle nuit. A l’heure du coucher je mesure ma chance de vivre dans un appartement chauffé, d’avoir de quoi manger, m’habiller, et de disposer de tant de biens pour la vie quotidienne. Combien d’enfants et d’adultes, en France, ne disposent pas de ce minimum nécessaire ! Et que dire de tous ces Ukrainiens et de toutes ces Ukrainiennes !…
Et je m’interroge. Que pouvons-nous faire pour mettre un terme à cette guerre ? Doit-on continuer à envoyer des chars, des canons, des avions de combat, des missiles et des tonnes de munitions à l’Ukraine ? En agissant ainsi nous la prolongerons pendant des années – sans qu’aucun des belligérants ne l’emporte ! – avec son cortège de morts, de blessés, de destructions, etc.
Pour éviter que tout ce sang continue à être versé, peut-être faudrait-il que l’Ukraine cesse de faire appel à l’OTAN, que les Russes gardent Donbass et la Crimée. Un accord entre les deux pays pourrait alors avoir lieu et l’Ukraine devrait devenir neutre. Ce serait là, peut-être une solution pour que cette guerre ne s’éternise pas…
Rappelons que c’est parce qu’elle se sentait menacée par l’OTAN que les Russes ont attaqué l’Ukraine. Rappelons qu’après la chute du mur de Berlin, les Américains auraient promis à Gorbatchev la dissolution de l’OTAN. Or les Américains n’ont pas respecté cette promesse non écrite et leur trahison semble à l’origine de bien des conflits qui ont suivi, notamment de cette nouvelle guerre.
Je m’interroge, et bien évidemment, je n’ai pas de réponse. Mais en écrivant cette chronique, je pense à ma petite Ukrainienne, et je prie Dieu pour qu’elle puisse rapidement rentrer son pays et que la sagesse et le bon sens finissent par l’emporter.