La barbarie des fous de Dieu et le prix de la Liberté

Gourdel Hervé 2014-09-22

Quelques-uns de mes fidèles lecteurs s’étonnent que je n’aie rien écrit à propos de l’assassinat innommable d’Hervé Gourdel et d’autres otages.

La raison en est simple : tout a été dit sur l’horreur et l’atrocité de ces exécutions, et je n’ai rien à ajouter, si ce n’est mon indignation, mon écœurement. Comment des hommes peuvent-ils sombrer dans une telle barbarie ?…

Nous pourrions croire que le monde vient d’atteindre des sommets jamais dépassés dans l’horreur. Et pourtant. En cette période où l’on parle temps de la dernière guerre, rappelons-nous :

Les dizaines de milliers de massacres et de viols à Nankin, en décembre 1937, par les soldats de l’armée impériale japonaise, lors de leur attaque de la Chine.

Les crimes abominables perpétrés par les troupes allemands lors de l’invasion de la Russie en juin 1941.

Les viols de deux millions ?!!! de Berlinoises en 1945, lors de la prise de Berlin par les soldats soviétiques !

La liste, hélas, est loin d’être close. Je cite simplement ces trois exemples pour rappeler que la barbarie n’est pas une invention de notre siècle.

L’homme est capable du meilleur comme du pire, et je me demande parfois si la violence, la barbarie ne sont pas inscrites dans ses gènes…

La folie des djihadistes – qui massacrent souvent les personnes les plus philanthropiques, les plus généreuses – nous rappelle une chose. Que la Liberté, cette Liberté à laquelle nous sommes tant attachés, a un prix, qu’elle n’est jamais acquise définitivement et qu’il faut souvent se battre pour qu’elle l’emporte. Or, sachons-le, la lutte pour Liberté peut se payer du sacrifice de sa vie.

Nos soldats en opérations ici et là dans le monde risquent chaque jour leur vie pour elle, et parfois la donnent.

Mais qui, à part eux, est encore capable de mourir pour la Liberté ?…

L’Occident, qui connaissait une paix relative depuis soixante-dix ans, va devoir réapprendre le prix de la Liberté… Et, sans vouloir jouer les prophètes de malheur, je demande parfois si nous ne sommes pas au début d’une Troisième Guerre mondiale…

Peut-on croire encore en Dieu après le typhon des Philippines ?…

Les violences de toutes sortes, les guerres, la barbarie qui déchirent le monde, sont l’œuvre des hommes. Elles nous révoltent mais sont les fruits de l’égoïsme, de la soif de domination, et de la démesure des hommes, et les croyants ne peuvent en rendre responsable leur Dieu.

Mais le typhon qui balaie tout sur son passage aux Philippines ? Qui tue des centaines, des milliers d’innocents. Qui laisse des milliers d’orphelins. Qui plonge dans le plus grand dénuement tout un peuple qui maintenant meurt de faim, de soif, de maladies. Peut-on, après l’injustice d’un tel cataclysme, croire encore en Dieu ?…

La question se pose depuis la nuit des temps après chaque catastrophe.

Personnellement je n’ai pas de réponse. Mais je crois aux miracles de l’Amour. Et s’il est un Dieu d’Amour, je crois que de tels drames lui échappent, qu’Il n’en est pas responsable et qu’il ne s’agit en aucun cas d’un châtiment.

Au milieu de toutes ces terribles épreuves, et par delà la sauvagerie qu’elles engendrent – pillages, luttes sans merci pour avoir un peu de nourriture, un peu d’eau – on assiste à des élans de solidarité, de générosité, de partage extraordinaires. N’est-ce pas là la marque de l’Amour qui, s’il ne peut redonner la vie aux morts et soulager toutes les blessures physiques, apporte tant aux âmes, aux cœurs ?…

Dans la nuit du monde, je me réjouis de la naissance de cette petite Bea Joy, dans un des bâtiments de l’aéroport de Tacloban, quelques heures après le passage du typhon. Sa maman a vingt et un ans, et elle a reçu le nom de sa grand-mère disparue dans drame.

Ainsi la vie est plus forte que la mort ! Puisse cette enfant être une JOIE pour les siens et pour tous les Philippins ! Puisse-t-elle incarner tous les espoirs, toutes les promesses inscrites dans chaque enfant qui vient de naître !

Enlèvement du Père Vandenbeusch au Cameroun

L’enlèvement du Père Georges Vandenbeusch au Cameroun, nous rappelle, si nous ne la savions pas encore, que nous sommes en pleine guerre de religion.

Le monde est victime de fondamentalistes et d’intégristes musulmans, qui convertissent de force les chrétiens, les menacent et n’hésitent pas à les tuer.

Ce sont les mêmes qui ont détruit les bouddhas d’Afghanistan et les mausolées des saints musulmans dans le désert.

Que doit-on faire face à ces fanatiques et fous de Dieu ? Plier bagages et s’enfuir comme des lâches en abandonnant les populations à leur triste sort ? Ou bien rester par fidélité à sa foi et aux peuples dont on partage les peines et les joies de la vie quotidienne ?

Le Père Georges avait choisi de rester malgré les recommandations du gouvernement. Comme l’avaient fait les moines de Thibirine. Non par goût du martyre. Non par goût du risque ou par inconscience. Mais pour témoigner d’un message d’Amour, de Justice et de Paix reçu du Christ voici deux mille ans.

Chacun est libre de croire ou de ne pas croire en Jésus-Christ. Mais tous les humanitaires du monde, les médecins, les infirmières, les infirmiers, toutes les personnes, qui risquent leur vie dans les pays en voie de développement, partagent le même idéal d’Amour, de Justice et de Paix.

Tous condamnent le fanatisme de religions qui, loin de libérer les hommes, les asservissent.

Les violences et la sauvagerie de certains au nom de telle ou telle religion, ne doivent pas faire rejeter en bloc toutes les religions, et les efforts du plus grand nombre pour mener une vie droite et respectueuse de tous, par fidélité à leurs croyances.

Aussi je refuse d’assimiler le christianisme, chantre de la Liberté, à la folie et à la barbarie d’extrémistes qui ne sèment que la haine et la désolation.

Et je veux dire ici mon admiration pour toutes les femmes et pour tous les hommes qui, comme le Père Georges, comme les moines de Thibirine, et comme tous les humanitaires, affrontent de pied ferme tous les dangers pour aider les plus pauvres. Ils sont des exemples de courage pour toute l’humanité.

Et c’est grâce à leur courage, à leur refus de la lâcheté, de la pleutrerie, et plus que par les armes, que le fanatisme, d’où qu’il vienne, pourra être vaincu.

MERCI, Père Georges ! Puisse votre courage et votre dévouement impressionner vos ravisseurs et puissiez-vous rapidement retrouver la liberté !

Hommage aux reporters de guerre

Je voudrais dire deux mots sur l’assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon.

J’éprouve bien sûr, comme tous, un sentiment de profonde tristesse et je partage la peine de tous leurs proches.

Mais je voudrais aussi profiter de cette occasion pour rendre hommage à tous les journalistes de guerre qui risquent chaque jour leur vie pour informer le monde de toutes ces violences, de toute cette barbarie qui déchirent certains pays.

Oh ! je sais, certains vont dire qu’ils prennent des risquent inconsidérés, qu’ils n’ont pas à aller là où ils vont.

Mais qui nous informera, si plus personne ne couvre les territoires en guerre, les zones à risques ?!… Ce sera encore plus de liberté pour tous les dictateurs et va-t-en guerre de la planète, dont la condamnation par l’opinion internationale peut sinon juguler complètement la violence et la folie, du moins les infléchir.

Les forces françaises avaient averti du danger Ghislaine Dupont et Claude Verlon, et avaient refusé de les transporter à Kidal. Ils y sont donc partis avec un convoi de la Minusa, la force de l’ONU organisée autour de l’armée malienne.

Je me garderai bien de leur reprocher. De l’avis de tous ceux qui les connaissaient, c’étaient deux journalistes chevronnés, connaissant leur métier, travaillant sur le terrain, loin des plateaux médiatiques de la télévision, et qui racontaient la guerre pour en montrer l’absurdité et pour inciter les peuples à la paix .

Je veux rendre ici un hommage à leur courage. Leurs familles et tous leurs proches peuvent être fiers d’eux.

Syrie : non à l’escalade de la guerre !

Depuis deux ans et demi, la guerre civile a fait plus de 120 000 morts en Syrie, sans compter les innombrables blessés et autres victimes de cette barbarie.

Ne s’agit-il pas là, déjà, d’un crime contre l’humanité ?!…

Et voilà que soudain les Occidentaux s’emballent parce que des armes chimiques ont été utilisées !…

Les armes qui ont été utilisées précédemment ne sont-elles pas aussi – et même plus – barbares avec toutes les horribles souffrances qui les accompagnent ?!…

Une intervention militaire apportera-t-elle un tant soit peu de paix, allégera-t-elle un tant soit peu la souffrance des Syriens ?

Il n’en sera rien. Des frappes de missiles ne feront qu’ajouter de la souffrance à la souffrance, et entraîneront une escalade encore plus barbare dans la guerre.

C’est pourquoi il faut refuser cette escalade dans laquelle veut nous entraîner François Hollande et ses fidèles, par inconscience ou pour se donner bonne conscience !