Hommage à nos treize militaires « morts pour la France » au Mali.
Une profonde tristesse m’envahit, dès que j’apprends la mort d’un de nos militaires en opération.
Je pense, bien sûr, à tous les membres de leurs familles, plongés dans la peine. Des parents, des conjoints, et des enfants trop tôt privés de leur père.
Mais, en même temps, je pense à cette phrase du commandant Hélie Denoix de Saint-Marc dans « Les sentinelles du soir » : « Si on doit un jour ne plus comprendre comment un homme a pu donner sa vie pour quelque chose qui le dépasse, ce sera fini de tout un monde, peut-être de toute une civilisation ».
Oui, tous ces hommes – et toutes ces femmes – qui font le sacrifice de leur vie au Mali, sont les garants de notre civilisation, nous pouvons les remercier, et nous devons en être fiers.
Cependant j’ai tenu à poser la question suivante à d’anciens officiers ou sous-officiers : cette opération Barkhane où 4 500 militaires français risquent chaque jour leur vie, pour éliminer des ennemis disséminés sur un territoire grand comme l’Europe, est-elle justifiée ?
Tous m’ont répondu sans hésiter : il en va de la paix du monde. Si on laisse faire les djihadistes, ils vont installer un califat en Afrique, et le monde peut s’attendre aux pires lendemains.
Mais il faudrait que les autres pays européens participent à notre combat, que nous ne soyons pas seuls et que nous formions une armée malienne capable de se défendre. Cette dernière condition est hélas difficile à réaliser dans la mesure où les Maliens appartiennent à des ethnies différentes, plus ou moins en conflit les unes avec les autres…
Il ne saurait être question de refaire l’Histoire, mais je me demande si le drame de ces pays du Sahel et l’Afrique noire, n’est pas la conséquence de la colonisation, et de la décolonisation qui a été très mal faite. Que sommes-nous allés faire dans ces territoires ?…
Le passé est le passé. Seuls comptent désormais le présent et l’avenir. Le présent, c’est d’ajouter aux forces françaises, celles des pays européens et celles de l’armée malienne. Et l’avenir, c’est grâce à ces apports de réduire à néant les ambitions des djihadistes de former un califat.
Une dernière question se pose pour moi : il y aurait entre 80 000 et 100 000 Maliens en France. Pourquoi ceux qui sont âge de combattre, ne retournent-ils pas dans leur pays, pour le défendre ? La victoire de 1945, en France, a dû une grande part à tous ces hommes et à toutes ces femmes, qui ont lutté contre le nazisme et dont beaucoup dont donné leur vie. Pourquoi les Maliens vivant en France ne feraient-ils pas de même ?…
Ajout : un ami très cher et grand connaisseur de l’Afrique, envoie le complément ci-dessous à ma chronique :
L’Afrique est un continent et l’opération en cours ne couvre qu’une partie de ces plus de 30 300 000 km². Il est peuplé de plus d’un milliard d’habitants ; cette population est très jeune : moyenne d’âge 17ans et elle s’urbanise.
Les pays concernés par l’opération Barkhane sont pauvres, désindustrialisés et donc les jeunes y sont désœuvrés.
Sans doute avons-nous raté la décolonisation, en laissant se morceler cette grande fédération qui regroupait les pays de l’Afrique Occidentale Française(AOF) ; chaque pays y existait avec sa diversité de langue, de religion et le phénomène tribal aurait pu y vivre dans un genre de « régionalisation ».
Tout a déjà été dit sur notre intervention et bien sûr on peut se demander ce que font les troupes de ces pays concernés ? On les connait, il y en a de très bonnes au Tchad, au Niger…
Partir dans la situation actuelle serait un non-sens et revêtirait, à moyen terme, un danger pour l’Afrique, mais aussi pour l’Europe, car l’ennemi aurait tôt fait de s’installer à la tête d’un pays et d’y mener des actions terroristes ou même de guérilla dans les pays voisins, voire au-delà.
Il faut se rappeler que outre la route du sel, le sahel a toujours été une zone par où s’acheminait la drogue, les armes, les esclaves…
En résumé, ce conflit ne devrait pas rester le nôtre, car la menace est mondiale, et il faudrait un engagement total et parallèlement un développement de ces pays. – A.W.