par Henri LAFFORGUE | Oct 30, 2011 | Actualité, Littérature et poésie
Voici l’automne
et voici le temps des morts.
Ne soyons pas tristes.
Ceux qui nous ont quittés
ne connaissent plus
ni la faim, ni la soif,
ni les mille souffrances de ce monde.
Qu’ils reposent dans la paix des cimetières
ou que leurs cendres aient été dispersées
à travers les terres ou sur les mers,
au gré des vents que rien n’arrête,
ils dorment.
Gardons précieusement
au fond de notre cœur
le souvenir des moments heureux
partagés avec ceux que nous avons aimés.
A tous, croyants ou non-croyants,
le souvenir de ces instants de bonheur
apportera un indicible apaisement.
Mais notre vie s’arrête-elle ici bas ?…
Je ne puis le croire.
Nous sommes matière et Esprit.
La matière se dissout, se décompose,
se désintègre au fil du temps
qui tout emporte,
mais l’Esprit, lui, ne meurt pas.
L’Esprit ne meurt jamais.
Et le Juste,
celui qui a essayé de vivre
une vie droite ici bas,
celui qui a essayé de donner
un peu d’affection ou d’Amour
à des proches en ce monde,
celui-là repose dans la Paix,
le Bonheur et la Joie.
Et, de l’Eternité où il nous précède,
il veille sur nous,
hôtes éphémères
d’un monde où tout passe…
Voici l’automne
et montent les prières à nos morts,
à tous ceux que nous avons aimés.
Dormez en paix,
ô chers disparus,
et donnez-nous ce Courage
dont nous avons tant besoin
pour poursuivre notre route !
Séchez nos larmes,
nées d’un deuil tout proche
et ravivez en notre cœur
la flamme de l’Espérance,
qui nous guide dans la nuit.
Dans l’hiver qui s’approche,
dans l’hiver de nos vies,
me revient cette comptine
d’une enfance lointaine :
« La feuille d’automne,
emportée par le vent,
tombe en tourbillonnant
en rondes monotones. »
Nous sommes ces feuilles
portées par les vents d’automne
et dont l’éphémère beauté
ravit nos yeux émerveillés.
par Henri LAFFORGUE | Jan 10, 2011 | Actualité
Perdre un enfant est sans doute l’épreuve la plus terrible que puissent connaître des parents sur cette terre. Aussi, je mesure la peine des parents d’Antoine de Léocour et de Vincent Delory, les deux otages français qui viennent de trouver la mort au Niger, la peine de leurs familles, de leurs proches, et la peine de Rakia Hassan Koukia qui devait épouser Antoine de Léocour ce samedi 15 janvier. Quelle horrible mort !
Je ne polémiquerai pas pour savoir si ces deux otages ont été tués par leurs ravisseurs – version officielle – ou par les balles des soldats qui ont essayé de les délivrer. Il fallait prendre une décision, et qui sait pendant combien de mois ils auraient croupi dans une geôle infâme si on avait laissé leurs ravisseurs prendre la fuite. Mois de souffrances cruels, pour eux et pour tous leurs proches. Mois de silence, habité d’un espoir ténu au terme duquel les ravisseurs auraient peut-être fini, comme il arrive souvent, hélas, par exécuter leurs otages…
Je constate que ces deux otages ont été pris au hasard. Mais je remarque, une nouvelle fois, l’injustice du sort, l’absurdité de ces fanatiques qui s’en prennent aux hommes et femmes de cœur, généreux, venus mettre leurs connaissances et leurs compétences au service des plus pauvres. Antoine de Léocour – comme Michel Germaneau voici quelques mois – faisait partie d’une ONG française d’aide médicale internationale et luttait contre la misère qui touche tant de gens dans notre monde.
Oui, ces deux morts me révoltent. Elles sont profondément injustes et rien ne saurait les justifier. Mais, je pense au dialogue du grand sage Solon avec le roi Crésus, célèbre pour ses richesses, voici deux mille six cents ans.
« Quel est selon toi l’homme le plus heureux de la terre ? demanda le roi, persuadé que c’était lui avec toutes ses richesses. »
« Cléobis et Byton, répondit Solon. »
Il s’agissait là de deux jeunes hommes qui, les bœufs n’arrivant pas à temps, tirèrent le char de leur mère, sur plusieurs kilomètres, jusqu’au sanctuaire de la déesse Héra. Tous furent en admiration devant leur exploit et leur mère pria la déesse d’accorder à ses fils le plus grand bonheur que puisse obtenir un mortel. Alors, nous dit Hérodote qui nous rapporte cette histoire, « Après cette prière, les jeunes gens sacrifièrent et prirent part au banquet, puis ils s’endormirent dans le sanctuaire même, et ils ne se réveillèrent plus – ce fut là le terme de leur vie. »
Cela pour dire qu’Antoine de Léocour et Vincent Delory, ont rejoint le firmament, sans avoir connu la maladie, ni la vieillesse. En donnant le meilleur d’eux-mêmes. En laissant l’image de deux jeunes gens généreux, enthousiastes, cultivant ce qu’il y a de meilleur dans l’homme.
Alors ? Bien sûr, cette mort injuste est prématurée. Elle nous révolte, moi le premier. Mais, si l’on dépasse l’instant éphémère et si on se situe dans la courbe du destin, cette mort n’est-elle pas, pour ces deux jeunes, une belle mort ?… Cela ne m’empêche pas, bien évidemment, de partager la tristesse et la peine de leurs parents et de tous leurs proches…