La petite Ukrainienne – suite de ma chronique prédédente…

Suite de ma chronique précédente.

Chers Amis,

Je tiens à vous dire que ma chronique du 4 février « La Petite Ukrainienne » était loin d’être une fiction – comme certains ont pu le croire. Elle relatait, en fait, la rencontre réelle et très émouvante que j’avais faite, une fin d’après-midi, en sortant d’un bus, avec une jeune Ukrainienne

Dans ce ciel couchant d’hiver, cette jeune femme, haute comme trois pommes, avec de beaux yeux bleus, avait l’éclatante beauté d’un rayon de soleil. Je lui donnais 16 ans et quand j’ai su qu’elle en avait 24, et qu’elle avait un fils de 6 ans, je suis tombé de nues !

Chrétien comme elle, tous les soirs, au moment de m’endormir, je prie pour elle et pour toute sa famille. Quelle cruelle épreuve, si jeune, d’être emportée et déchirée par cette guerre dont on ne voit pas l’issue !

Alors aujourd’hui, je me tourne vers vous. Vous toutes et vous tous, qui comme moi avez la chance unique de vivre dans un pays en paix, je vous invite à avoir une pensée pour elle et pour tous ces enfants, pour toutes ces femmes et pour tous ces hommes, victimes de la stupidité d’une guerre qui ne fait que semer souffrances, sang, larmes et mort.

Quelles que soient nos croyances, je crois beaucoup en cette union mystérieuse des cœurs et de âmes, dans une même pensée, dans une même prière.

MERCI, à vous toutes et à vous tous, pour votre solidarité.

Bien amicalement.

Si près du but…

Wimereux. Vous ne connaissez pas ?… Il s’agit d’une petite station balnéaire de la côte d’Opale. Une petite ville sympathique de huit mille habitants, blottie confortablement dans sa vallée aux portes de Boulogne-sur-Mer et dont on vante le charme et la mer.

Pourquoi vous parlé-je de cette ville dont il y a quelques minutes encore je n’avais jamais entendu le nom ?

Tout simplement parce que j’ai entendu – par hasard, lors d’un bulletin d’information sur France Info – qu’on avait retrouvé morte, là-bas, au pied d’une falaise, une jeune femme d’origine asiatique, d’environ trente-cinq ans.

L’autopsie a révélé que cette femme était morte à la suite d’une chute naturelle – non provoquée par un tiers. Et on sait qu’elle était revêtue d’une combinaison de nageur – probablement achetée à Paris – sous laquelle elle avait glissé des vêtements secs. Qu’elle s’était enduit les aisselles de vaseline. Qu’elle avait une sacoche étanche avec des aliments énergisants. Et enfin qu’elle avait une boussole accrochée à son cou.

Il s’agit très certainement d’une migrante, sans papier, qui voulait gagner l’Angleterre à la nage et dont le rêve s’est brisé au pied de cette falaise, en ce dimanche 12 août 2012.

Ô femme dont le nom demeurera à jamais inconnu, quelles furent votre solitude et vos souffrances, combien de kilomètres avez-vous parcouru avant de venir mourir là ?…

Que de dangers avez-vous bravés ! Vous avez connu la faim, la soif, l’obligation de vivre cachée dans des pays dont vous ignoriez la langue et où vous n’aviez personne pour vous secourir. Vous avez dû franchir, dans les pires conditions, maintes et maintes frontières, en vous en remettant au bon vouloir de passeurs plus ou moins honnêtes. Et vous avez connu tout au long de votre long parcours la peur et le risque permanent d’être refoulée.

Et puis votre périple a pris fin là, sur cette plage du Pas-de-Calais, si prêt du but, persuadée que vous alliez franchir l’infranchissable.

Je pense à votre père, à votre mère, à vos frères, à vos sœurs qui attendront désespérément un mot de vous, et qui ne sauront jamais ce que vous êtes devenue.

Qui viendra se recueillir sur votre tombe sans nom ? Qui viendra y verser une larme ? Y déposer une fleur ? Y dire une prière ?

Que la vie est injuste ! Mais si les mots ont un sens et si les souffrances de cette terre ne sont pas vaines, je demande à Dieu de vous ouvrir tout grand les portes de son Paradis. Lui n’a pas besoin de papiers et se moque des couleurs de peau, des lieux de naissance, de l’appartenance à telle ou telle religion, etc. Dans Son infinie bonté, Il accueille tous ceux qui souffrent.

Et je Lui demande, enfin, d’adresser un signe à celles et ceux qui vous avez quittés, que vous aimiez et qui vous aimaient. Qu’ils sachent, dans le secret de leur cœur et dans le mystère de l’Espérance, que vous avez atteint des rivages où il n’y plus ni souffrances, ni peur, mais félicité éternelle ! Qu’ils sachent que désormais vous veillez sur eux !

 

Syrie : ne pas désespérer !

Mes fidèles lecteurs s’étonneront peut-être que je n’aie jamais parlé de la Syrie dans mes chroniques. Ce silence est loin d’être indifférence devant une guerre qui a fait plus de vingt mille mort en un peu plus d’un an, devant la barbarie sans nom d’odieux criminels qui tuent, violent, torturent hommes, femmes, enfants.

Mon silence est celui de la colère rentrée contre l’impuissance des Nations Unies à ramener la paix sur cette terre de souffrances.

Mon silence est celui d’innombrables hommes de bonne volonté à travers le monde glacés par l’horreur des crimes quotidiens au point d’en perdre la parole, et en rage de ne rien pouvoir faire pour y mettre un terme.

La vérité, c’est que tout le monde est dépassé par la situation, à l’exception des marchands d’armes qui s’enrichissent sans état d’âme, et des fanatiques qui espèrent à la faveur des événements prendre le pouvoir et remplacer une dictature par une autre, et de victimes devenir bourreaux.

La vérité, c’est qu’on ne peut ramener la paix et la démocratie en Syrie en fournissant des armes à l’ASL (Armée Syrienne Libre). Le risque est trop grand de les voir tomber entre les mains de terroristes qui s’en serviront demain contre les démocraties qui les leur auront fournies. Et on paye aujourd’hui, en Afghanistan, l’erreur d’avoir armé, hier, les Talibans contre les Russes.

Alors que faire ? Doit-on accepter d’assister impuissant au massacre d’un peuple ?

Pour le croyant, il reste la prière. Et pour celui qui ne croit pas, il reste la force de la pensée compatissante. Et pour tous, il reste l’Espérance.

Ce drame qui se déroule en direct, sous nos yeux, ne doit pas nous faire désespérer de l’Homme. Les nazis, dans la haine et la barbarie de leurs camps « Nuit et brouillard », n’ont pas réussi à étouffer les flammes de la Résistance, de la Liberté et de l’Amour. C’est toujours elles qui l’emportent et l’emporteront. Mais au prix de combien de sang ? De combien de souffrances ?

Quoi qu’il arrive, la victime reste et restera toujours supérieure au bourreau.

Je voudrais dire, pour finir, toute mon admiration pour ces journalistes – hommes et femmes – qui risquent chaque jour leur vie – et parfois la laissent – pour témoigner des tragédies que vivent les victimes de la guerre. Leur témoignage est précieux. Grâce à eux, nous ne pourrons pas dire le jour où cette guerre prendra fin : « Nous ne savions pas », comme le monde, en 1945, en découvrant les camps de concentration et les chambres à gaz.

 

« Maman dort. »

En ces jours où l’on vient de fêter Noël
qui voudrait être la fête de la joie et de l’Espérance,
où l’on échange des vœux avec ses proches,
et où les longues nuits d’hiver commencent à raccourcir
je songe à ce petit garçon de trois ans,
qui est resté deux ? trois jours ?
près de sa maman emportée par une rupture d’anévrisme.
« Maman dort » a-t-il dit à son grand-père
qui appelait au téléphone.
Quelle tristesse !
S’il est vrai que la mort n’est qu’une nuit de sommeil
un peu plus longue que les autres
sans rêves ? et sans réveil,
et que les cimetières sont les « lieux où l’on dort »,
comme il est cruel de perdre si jeune, une maman !
Oui, que la vie est cruelle !
A ce petit garçon,
à ces grands-parents,
qui ne liront sans doute jamais ces lignes,
je voudrais dire simplement
toute mon affection
toute ma communion de pensée.
Et, si la pensée pour celui qui doute
a les mêmes pouvoirs que la prière pour le croyant,
je voudrais qu’elle atteigne miraculeusement
cet enfant et ces grands-parents,
et dépose sur leur cœur meurtri
un peu de chaleur
un peu d’apaisement.