A propos de l’Egypte…

Je l’avoue, un sentiment d’espoir m’a envahi lorsque l’armée, soutenue par le peuple, a pris le pouvoir en Egypte et a évincé les frères musulmans. Car, il faut bien le savoir, les frères musulmans n’incarnent pas la liberté et la démocratie. Avec eux ce sont la charia et l’asservissement de la femme.

J’espérais donc que l’armée aurait mis sa force et sa discipline au service de l’ordre, de la justice et de la démocratie, et aurait rétabli dans ses droits le peuple dont les frères musulmans avaient confisqué la révolution.

Il n’en est hélas rien. L’armée a établi un régime de terreur, tire à balles réelles sur ses opposants, fait des centaines de morts, des milliers de blessés et a lancé une spirale infernale de haine, de violence et de vengeance qui provoque de profondes et injustes blessures.

Egypte ! Pauvre Egypte, terre plurimillénaire des dieux ! Terre des premières églises chrétiennes ! Pays où se pressaient des milliers de touristes pour visiter tes temples et contempler tes pyramides antiques ! Te voilà en proie à la stérilité d’une guerre civile, de toute guerre civile.

Combien de temps le sang va-t-il couler ? Combien de temps faudra-t-il pour refermer les immenses blessures engendrées par la guerre ? Combien de victimes innocentes devront-elles mourir avant que la paix ne revienne ?…

14 juillet

C’est aujourd’hui notre Fête Nationale.

C’est l’anniversaire de la prise de la Bastille symbole de tous les arbitraires, de toutes les oppressions, de toutes les injustices d’une monarchie qui s’était éloignée du peuple.

Je l’ai souvent dit – et je le répète – je n’aime pas les révolutions. Elles rejettent trop souvent, sans discernement et dans le sang, tout l’héritage du passé qui les a précédées, sans faire le tri entre ce qu’il y avait de bon et de mauvais et obligent à repartir à zéro.

Je condamne leurs excès et toutes les victimes innocentes qui les accompagnent. Je condamne l’assassinat impardonnable de Louis XVI et de son épouse Marie-Antoinette qui ne méritaient pas un sort si injuste.

Mais deux siècles ont passé et il faut aller de l’avant. Rien ne sert de ressasser sans cesse les fautes du passé.

Je partage la devise de notre République – officialisée en 1848 – « Liberté, Egalité, Fraternité ». Cette devise devrait toujours nous inspirer et nous devrions toujours accorder la plus grande place à la Fraternité.

Je pense aux révolutions arabes, à tout le sang qu’elles font couler, à toutes les victimes qui en font les frais, à tous leurs déçus. Tous les peuples aspirent à la Liberté et, tôt ou tard, le joug qui les emprisonne finit par lâcher.

Malheureusement quand un pouvoir autoritaire ou corrompu finit par s’effondrer, la démocratie ne gagne pas systématiquement.

En Egypte, seuls les frères musulmans étaient organisés et c’est pour cela qu’ils ont pu prendre et confisquer le pouvoir. Et ils cherchent à imposer au peuple la charia et tous ses excès.

Ainsi la révolution a remplacé un mal par un remède pire que le mal.

Je ne désespère pas cependant qu’un jour la Liberté et le peuple l’emportent. Mais combien faudra-t-il de morts avant que ce jour advienne ?!… Un homme providentiel se dressera-t-il pour mettre fin au chaos ?…

Syrie : ne pas désespérer !

Mes fidèles lecteurs s’étonneront peut-être que je n’aie jamais parlé de la Syrie dans mes chroniques. Ce silence est loin d’être indifférence devant une guerre qui a fait plus de vingt mille mort en un peu plus d’un an, devant la barbarie sans nom d’odieux criminels qui tuent, violent, torturent hommes, femmes, enfants.

Mon silence est celui de la colère rentrée contre l’impuissance des Nations Unies à ramener la paix sur cette terre de souffrances.

Mon silence est celui d’innombrables hommes de bonne volonté à travers le monde glacés par l’horreur des crimes quotidiens au point d’en perdre la parole, et en rage de ne rien pouvoir faire pour y mettre un terme.

La vérité, c’est que tout le monde est dépassé par la situation, à l’exception des marchands d’armes qui s’enrichissent sans état d’âme, et des fanatiques qui espèrent à la faveur des événements prendre le pouvoir et remplacer une dictature par une autre, et de victimes devenir bourreaux.

La vérité, c’est qu’on ne peut ramener la paix et la démocratie en Syrie en fournissant des armes à l’ASL (Armée Syrienne Libre). Le risque est trop grand de les voir tomber entre les mains de terroristes qui s’en serviront demain contre les démocraties qui les leur auront fournies. Et on paye aujourd’hui, en Afghanistan, l’erreur d’avoir armé, hier, les Talibans contre les Russes.

Alors que faire ? Doit-on accepter d’assister impuissant au massacre d’un peuple ?

Pour le croyant, il reste la prière. Et pour celui qui ne croit pas, il reste la force de la pensée compatissante. Et pour tous, il reste l’Espérance.

Ce drame qui se déroule en direct, sous nos yeux, ne doit pas nous faire désespérer de l’Homme. Les nazis, dans la haine et la barbarie de leurs camps « Nuit et brouillard », n’ont pas réussi à étouffer les flammes de la Résistance, de la Liberté et de l’Amour. C’est toujours elles qui l’emportent et l’emporteront. Mais au prix de combien de sang ? De combien de souffrances ?

Quoi qu’il arrive, la victime reste et restera toujours supérieure au bourreau.

Je voudrais dire, pour finir, toute mon admiration pour ces journalistes – hommes et femmes – qui risquent chaque jour leur vie – et parfois la laissent – pour témoigner des tragédies que vivent les victimes de la guerre. Leur témoignage est précieux. Grâce à eux, nous ne pourrons pas dire le jour où cette guerre prendra fin : « Nous ne savions pas », comme le monde, en 1945, en découvrant les camps de concentration et les chambres à gaz.

 

11 novembre 2011 à Rillieux

Une assistance nombreuse se pressait ce 11 novembre au monument pour la Paix à Rillieux. Voici le discours lu par le vice-président du Souvenir Français de Rillieux, lors de cette cérémonie. N’oublions pas nos morts tombés pour la France !

Le 11 novembre 1918, à onze heures, les cloches de toutes les églises de France ont sonné, pour annoncer la fin de la guerre.

Ce furent un peu partout des larmes de joie et des larmes de tristesse.

Larmes de joie, pour célébrer la fin d’un enfer qui avait duré quatre ans.

Et larmes de tristesse dans d’innombrables foyers marqués par un deuil cruel.

Tout a été dit sur terrible guerre : 1,5 million de morts pour la France, 4 millions de blessés, 700 000 veuves et 650 000 orphelins.

Tout a été dit sur cette Première Guerre mondiale et ses 20 millions de morts et 21 millions de blessés !

Tout a été dit, enfin, sur cet Armistice malheureux qui portait en germe la Deuxième Guerre mondiale.

Le maréchal Foch eut cette parole prophétique, après le Traité de Versailles : « Ce n’est pas une paix, c’est un armistice de vingt ans. »

Oui, tout a été dit sur cette guerre meurtrière. Et pourtant, il ne faut pas craindre de se répéter.

Il faut se souvenir de tous ces hommes qui sont devenus des héros sans l’avoir voulu. Il faut se souvenir de leur sacrifice et perpétuer leur mémoire.

Mais ce regard vers le passé doit être aussi tourné vers l’avenir et nous donner la force, le courage, l’audace dont nous avons tant besoin pour construire ce monde fraternel que nos aînés n’ont pas réussi à construire.

Ce n’est pas pour rien que Verdun avec ses 306 000 morts et ses 400 000 blessés, est devenue capitale mondiale de la Paix.

Il dépend de nous, de chacun de nous, que le sang versé hier devienne une source de Paix.

Notre monde est déchiré par d’innombrables conflits devant lesquels nous pouvons nous croire impuissants.

Que de morts et de blessés, chaque jour, en Afghanistan, en Syrie, en Irak, en Libye et dans combien de pays du monde ! Que pouvons-nous faire pour éviter toutes ces souffrances qui appellent sans cesse à la haine et à la vengeance ?…

Devenons accepter cet engrenage de la violence comme une fatalité contre laquelle nous ne pourrions rien ?…

La guerre est contagieuse. Nous la savons. Mais souvenons-nous que la Paix est tout aussi contagieuse.

Nos poilus d’hier nous disent : « Faites la paix dans vos foyers, dans vos familles, avec vos amis, avec vos proches, avec toutes celles et tous ceux que vous rencontrez chaque jour. »

Si nous savons faire la Paix dans notre entourage, alors elle se répandra de proche en proche et inondera le monde.

Enfin, dans un monde touché par la désespérance, nos poilus nous répètent : « Ne désespérez pas ! »

Le monde connaît la plus grave crise économique et financière qu’il n’ait jamais connue. Veillons à ce que cette crise n’engendre pas des replis sur soi égoïstes et frileux, mais qu’elle soit l’occasion de fortifier notre générosité, notre solidarité et notre sens de la justice.

Voilà la leçon que nous donnent nos morts de 14-18. Le Souvenir Français nous invite à la suivre fidèlement. Alors nos morts pourront dormir en paix. Alors leur sang n’aura pas coulé en vain. Alors ils seront fiers de nous.