Faut-il avoir peur de l’Islam ?…

Il se passe peu de jours sans que je ne reçoive une chaîne sur l’Islam et sur les musulmans en France.

Très souvent ces chaînes sont motivées par la peur et incitent au rejet massif de tous les musulmans vivant en France, et parfois dans des termes violents et remplis de haine dont j’ai honte. Aussi, je voudrais faire le point sur cette question.

Tout d’abord, ces aimables internautes font souvent l’amalgame entre Arabes et musulmans. Or, les Musulmans ne sont pas tous Arabes. Loin de là. Le pays du monde où il y a le plus de musulmans est l’Indonésie.

D’autre part, je comprends la peur de certains devant une certaine extension de l’Islam dans notre pays. Mais la peur n’est jamais bonne et la distiller encore moins. C’est bien souvent parce qu’il a peur que le chien mord, et non parce qu’il est méchant.

 

Il est vrai que la France, pays de tradition chrétienne, a le sentiment, parfois, d’être envahie par une communauté qui nous impose de plus en plus ses us et coutumes.

Ce sont les casse-tête dans les cantines de collectivités (écoles, hôpitaux, etc.) avec les viandes hallal et les menus sans porc. Ce sont les rayons de nos supermarchés sur lesquels on ne trouve plus, parfois, que des produits hallal.

Ce sont nos piscines qui sont parfois réservées aux femmes musulmanes. Ce sont ces mêmes femmes qui refusent, dans nos hôpitaux, de se faire examiner par des hommes.

Ce sont des femmes qui – au nom de leur religion – masquent leur visage sous des burqas…

Voilà ce qui motive la peur de beaucoup et entraîne un sentiment de rejet.

 

Je souhaite que la France reste, selon sa vieille tradition, une terre d’accueil. Mais elle doit imposer une certaine discipline à toutes celles et tous ceux qui vivent sur son sol.

Nous avons nos traditions, nos usages, nos croyances que tous – quelles que soient leurs religions et leurs origines – doivent impérativement respecter.

 

Je voudrais dire quelques mots, pour finir sur l’Islam qui est loin de se résumer à la folie de quelques fanatiques. Les médias prennent un malin plaisir à s’étendre sur les attentats ou menaces d’attentats de réseaux d’intégristes. Je condamne sans appel ces attentats, mais ils ne doivent pas nous pousser à rejeter en masse tous les musulmans et nous ne devons pas nous laisser prendre par la peur qu’ils inspirent.

Dans leur très grandes majorité, les musulmans n’aspirent qu’à vivre en paix et ceux, qui au nom de liberté d’expression, bafouent leurs croyances par des caricatures ou des films humiliants ne sont que des provocateurs inconscients de tout le mal qu’ils font.

Personnellement, je suis chrétien et ma foi s’enracine dans les paroles d’Amour de l’Evangile. Je laisse à chacun la liberté de croire ou de ne pas croire aux dogmes de l’Eglise. Et je constate que sur de nombreux points je suis plus proche de l’Islam que de l’Eglise.

L’Islam n’a pas de dogmes. L’Islam ne reconnaît qu’un seul Dieu et l’Eglise a bien du mal à me faire admettre que sa Trinité ne représente qu’un seul Dieu et non pas trois !…

Les musulmans reconnaissent Jésus mais pour eux il s’agit d’un prophète et non pas du fils de Dieu.

Pendant des siècles, d’ailleurs, les chrétiens se sont déchirés à propos de la nature humaine ou divine de Jésus.

Contrairement à ce qu’on pense bien souvent – et à ce que laisse croire certains musulmans machos – la femme a une très grande liberté dans la religion islamique. Elle a droit par exemple de demander le divorce – alors que le divorce est interdit dans l’Eglise catholique.

Le Coran impose aux femmes d’être vêtues décemment mais il ne leur a jamais dit de se mettre un voile sur le visage.

A ma connaissance – et contrairement à l’Eglise catholique – l’Islam ne connaît pas l’Enfer éternel. Et qu’un être humain soit condamné éternellement à l’Enfer me semble totalement incompatible avec un Dieu d’Amour.

Le ramadan – qui personnellement me semble une coutume archaïque et non adaptée aux exigences de la vie moderne – peut très bien accepter des dérogations.

L’aumône prescrite par le Coran est une forme de solidarité dont on ne peut que se féliciter.

Le djihad, cette « guerre sainte » qui fait tant de victimes dans le monde, est au départ, une lutte contre soi-même. Un effort de la volonté pour se maîtriser.

Comme l’écrivait le sage Mohamed Iqbal : « L’Islam n’enseigne pas la renonciation au monde d’ici-bas, mais il condamne l’attachement au matérialisme. Il est estime que l’homme peut aspirer au bien-être dans cette vie et au bien-être dans l’au-delà. »

J’invite mes lecteurs soucieux de mieux connaître l’Islam à lire le livre « Islam, l’autre visage », une série d’entretien avec Eva de Vitray Meyerovitch, une scientifique et mystique chrétienne qui, après des années de recherches, se convertit à l’Islam.

 

Pour finir, je dirai que mon christianisme personnel et la plénitude qu’il m’apporte, me comblent largement sans que j’éprouve le besoin de mon convertir à quelque autre religion. Mais je dirai que l’islam et le christianisme, vécus avec intelligence et cœur, sont parfaitement compatibles.

Entre les fous de Dieu qui commettent les pires crimes au nom de leur foi, et le sectarisme de certains athées qui prétendent être les seuls à détenir La Vérité, il y a le chemin silencieux de tous ceux qui sont en quête de sens pour cette vie ici-bas. A tous je rappelle qu’il est difficile de ne pas penser, en voyant un simple spermatozoïde devenir Mozart ou Einstein, qu’il y ait une intelligence derrière tout cela.

Il est urgent de cesser à nous monter les uns contre les autres. Que l’on croit en la Vie éternelle ou non, toutes les femmes et tous les hommes de bonne volonté ont le devoir de se rassembler pour construire ce monde fraternel dont nous rêvons tous.

 

De la liberté d’expression.

Liberté d’expression ! Les médias, les hommes politiques n’ont que ce mot à la bouche. Soit. La liberté d’expression est le privilège des états démocratiques et il faut à tout prix le préserver.

Mais j’ajouterai les mots RESPONSABILITE, DEVOIR de RAPPROCHER les HOMMES et non de les DIVISER et RESPECT du SACRE !

Or, que font les journalistes du Charlie-Hebdo en publiant les caricatures de Mahomet ?

Ils se montrent irresponsables en jetant de l’huile sur le feu, en offensant délibérément tous les musulmans, en faisant peser des menaces sur des milliers de Français vivant à l’étranger.

Loin de rapprocher les hommes, d’essayer de désamorcer un engrenage infernal de peurs et de violences, ils les divisent encore davantage, les montent les uns contre les autres.

Enfin, je regrette qu’il n’y ait plus aucun sens du sacré, aucun respect pour celles et ceux qui croient encore que nous ne sommes pas les seuls fruits du hasard, qu’il y a une transcendance, qu’il y a quelque part un Dieu, quel que soit le nom que nous lui donnions.

Charlie-Hebdo ne mérite qu’une condamnation sans appel. Au nom de la liberté d’expression et du droit au blasphème, il se montre plus soucieux de s’enrichir commercialement – les ventes ont explosé ! – que d’aider les hommes de bonne volonté de cette terre qui cherchent à vivre en paix dans le respect mutuel de chacun !

Je fais mienne cette phrase d’Antigone : « Je ne suis pas née pour partager la haine mais l’Amour ». Nos donneurs de leçons en matière de liberté d’expression feraient bien de s’en inspirer…

Fusillade dans un temple sikh aux USA

Sept personnes ont été tuées dans un temple sikh, dans le Wisconsin, par un fanatique. Cette nouvelle fusillade soulève plusieurs questions.

J’ai bondi, tout d’abord, en entendant un sikh interrogé, dire qu’il y aurait eu erreur de communauté, les sikhs étant pris souvent pour des musulmans. Quelle que soit la religion des victimes, les assassiner est crime inadmissible.

Mais je constate que – ce qui relativise ma première remarque – depuis les attentats du 11 septembre 2001, des Américains confondent les turbans et les barbes des sikhs avec ceux des terroristes qui ont effectué ces attentats, et s’en prennent aux membres de cette communauté. Dans les mois qui suivirent le 11 septembre, il y aurait eu près de 300 incidents contre des sikhs sur le sol américain, comprenant des menaces, des actes de violence, et même des morts.

L’auteur de la fusillade de ce dimanche 5 août a été tué et nous ne connaissons pas ses mobiles. Mais il est très vraisemblable qu’il s’agisse d’un membre d’une secte néonazie. C’est fou de voir la fascination que le nazisme et ses crimes peuvent encore exercer chez certains. Volonté de domination du monde par la violence. Croyance d’appartenir à une race supérieure pour la domination de laquelle les adeptes sont prêts à tuer et faire le sacrifice de leur vie.

Enfin et surtout, cette fusillade pose une nouvelle fois la question de la vente libre des armes à feu aux Etats-Unis. Chacun est libre d’acheter les armes de guerre et les munitions qu’il veut, sans la moindre limite. Les résultats de cette politique parlent d’eux-mêmes : il y aurait eu 31 500 morts en 2011 aux USA par armes à feu !!!

Mais – et ceci explique cela – le commerce des armes assurerait 180 000 emplois et donc nul n’ose s’attaquer à ce lobby !!!

De l’intransigeance de certaines religions…

Je le dis souvent et je le répète, les religions et les rites sont faits pour élever et rassembler les hommes. Dans un monde trop souvent matérialiste, elles montrent la dimension spirituelle de l’homme et cherchent à donner un sens à la vie.

Mais elles n’ont en aucun cas à prétendre être les seules à détenir La Vérité et – ce qui est plus grave – à chercher à l’imposer par quelque moyen que ce soit. Elles doivent respecter la liberté de chacun et se montrer tolérantes envers tous.

Enfin, les rites doivent être compatibles avec les exigences du milieu et de l’environnement dans lequel nous vivons.

Aussi, j’avoue avoir totalement approuvé la décision du maire de Gennevilliers de suspendre quatre moniteurs d’une colonie de vacances qui faisaient le ramadan.

Je respecte les musulmans, mais j’estime qu’il est très dangereux, en plein été, de jeûner toute la journée tout en soutenant le rythme intensif d’une colonie sportive qui propose aux jeunes du surf, du skate, des randonnées à vélo, etc.

La décision de la mairie me semblait d’autant plus sage qu’en 2009, une animatrice qui faisait le ramadan et conduisait un minibus avec des adolescents, s’est endormie au volant. Les six passagers ont été blessés, et l’un d’eux garde aujourd’hui des séquelles de cet accident.

J’ai donc approuvé la clause que la mairie avait mise dans le contrat de travail des moniteurs leur imposant de se restaurer et s’hydrater convenablement pendant les repas.

Je constate avec tristesse que, devant la levée de boucliers du Conseil Français du Culte Musulman et d’un grand nombre d’hommes et femmes politiques de tous bords, le Maire de Gennevilliers est revenu sur sa décision.

Je regrette profondément ce manque de fermeté et de courage. On a là, de toute évidence, un rite – le ramadan – qui, dans le cas présent, pour des raisons élémentaires de sécurité, n’est pas conciliable avec la mission de ces moniteurs.

Un islam éclairé devrait le reconnaître et proposer à ses fidèles d’autres formes de solidarité avec nos frères et sœurs de la terre, telles que des dons aux plus pauvres.

Malheureusement, on a là la manifestation d’un islam autoritaire, sectaire et intolérant, loin de la sagesse et de la mesure dont doivent faire preuve les religions dignes de ce nom.

Algérie Française : un rendez-vous manqué…

J’avais dix ans en mai 1958. Je rêvais d’une Algérie, française et j’étais persuadé que le général de Gaulle allait donner vie à ce rêve. On connaît la suite…

Cinquante-quatre ans plus tard, je ne renie pas mes rêves d’enfant. Mais l’Algérie française dont je rêvais était une Algérie fraternelle, une terre sur laquelle tous, quelle que fussent la couleur de leur peau, leur origine ethnique et leur religion, musulmans, chrétiens, juifs et autres, auraient eu les mêmes droits. A tel point qu’un Arabe aurait très bien pu devenir ministre, voire président de la République…

Etait-ce possible ? Quand il est arrivé au pouvoir le général de Gaulle, a été poussé par un formidable élan populaire, et il pouvait tout, ou presque tout. Malheureusement, il ne voulait pas d’une Algérie française – pour de multiples et peut-être bonnes raisons – et il a laissé pourrir la situation et l’Algérie est devenue algérienne dans le sang, avec l’exil d’un million de pieds-noirs, avec le massacre de milliers de harkis, et avec des plaies qui, aujourd’hui encore, ne sont pas refermées…

L’Algérie française, un rêve d’enfant irréalisable ? Je pense aujourd’hui que les élans de fraternité qui ont uni les Français et les Arabes, en mai 1958, étaient surtout des élans émotionnels, dus à la lassitude d’une guerre qui durait depuis quatre ans et à l’espoir de tous se rassembler dans la paix. Mais, l’émotion retombée, le quotidien revenu, les Français étaient-ils vraiment prêts à partager leurs pouvoirs avec les Arabes ? Etaient-ils prêts à ce que les Arabes deviennent des Français « à part entière » ? Je n’en suis pas certain, même si le général de Gaulle, avec son charisme et son autorité, aurait pu imposer cette égalité…

Il y a plus. En 130 ans de colonisation, la France avait commis bien des injustices vis-à-vis de la population autochtone, avait commis bien des fautes, parfois des crimes, et avait ouvert de profondes blessures. On avait, par exemple, exproprié les Arabes de leurs meilleures terres pour les donner aux colons. On avait fait appel aux Arabes pour libérer la France en 14-18, puis en 39-45. Combien avaient laissé leur vie dans ces deux guerres – qui ne les concernaient pas – et qu’avaient-ils eu en retour ? Rien. Les appels légitimes à l’indépendance de certains d’entre eux, à la fin de la guerre, avaient été réprimés dans le sang.

Toutes ces injustices, toutes ces blessures, les massacres comme celui de Sétif en 1945, et – il ne faut pas l’oublier – les exactions des partisans de l’indépendance avaient sans doute provoqué un point de non retour, et fait naître des haines et des rancunes inexpiables…

Ma tristesse, aujourd’hui, c’est de voir que l’indépendance de l’Algérie n’a rien résolu. Le peuple algérien – riche de son pétrole et de son gaz – vit dans la misère ou la pauvreté. Et pour moi, les problèmes de nos banlieues, de la délinquance, des voitures brûlées, sont une des conséquences d’un ressentiment né de la colonisation et de la guerre d’indépendance…

Combien de temps faudra-t-il pour qu’Arabes et Français regardent sereinement un passé dont ils ne sont pas responsables et acceptent de construire un avenir fraternel et paisible ? Nous appartenons à un même monde, et nous ne pouvons indéfiniment ressasser les fautes, les crimes commis par ceux qui nous ont précédés. Nous ne pouvons rien construire dans la négation du passé, sans un respect réciproque, sans le dialogue.

Alors n’oublions pas le passé, mais dépassons-le. Unissons nos efforts pour redonner vie à cette amitié en entre l’Algérie et la France à laquelle nous devons tous aspirer et pour construire ce monde fraternel et sans haine dont nous rêvons tous.

Un monde fraternel et sans haine ?… N’est-ce pas, encore et toujours, mes rêves d’enfant qui me poursuivent ?… Non ! c’est l’Espérance inébranlable qui m’habite et que je veux partager avec le plus grand nombre…