Depuis des siècles, des millénaires, les hommes se déchirent sur Dieu, se déchirent au nom de Dieu.
En son nom, ils n’hésitent pas à commettre les pires crimes. Ils tuent, ils torturent, ils violent, ils soumettent en esclavage, ils convertissent de force.
Il arrive aux chrétiens de se livrer à de telles barbaries. Hier, au Rwanda, Hutu et Tutsi se sont entretués alors qu’ils avaient reçu un même baptême, qu’ils fréquentaient les mêmes églises, qu’ils partageaient la même vie.
Aujourd’hui, en Centrafrique, les milices chrétiennes massacrent les musulmans.
Or, plus que tout autre, le Dieu des chrétiens est un Dieu d’Amour, de Partage, de Tolérance, de Pardon. Alors, comment comprendre, comment accepter ces déchaînements de haine et de violence de la part de chrétiens ?!…
Comment des enfants de Dieu peuvent-ils sombrer ainsi dans la folie ? Faut-il désespérer de l’homme ? Faut-il désespérer de Dieu ?
Je me demande si la sagesse n’est pas d’accepter humblement de ne pas comprendre. D’accepter qu’il y ait en nous des forces indomptables, capables du meilleur et du pire. Et d’accepter finalement que, s’il y a un Dieu juste et bon, il ne soit pas tout-puissant.
Car si des forces du mal poussent l’homme vers le pire, il y a peut-être aussi un Dieu juste et bon qui sème et fait croître en nous les germes de l’Amour, de la Justice et de la Paix. Ces belles âmes qui se dressent au milieu du chaos et de l’horreur, qui témoignent de ce qu’il y a de meilleur en l’homme, ne sont-elles pas la marque d’un Dieu d’Amour ?
Pour ramener la Paix, le Christ nous a donné le commandement de nous aimer les uns les autres. Il m’a longtemps paru surprenant qu’aimer puisse être un commandement, et un commandement nous poussant jusqu’à aimer nos ennemis.
Ne sommes-nous pas spontanément, naturellement poussés à aimer les personnes avec lesquelles nous partageons des affinités ? Mais nos ennemis, ceux qui nous font volontairement du mal ?!…
Le Christ en nous donnant ce commandement a placé la barre très haut. Et pourtant, si l’on y réfléchit, n’est-ce pas là le meilleur moyen de désamorcer la violence et la guerre qui déchirent notre pauvre monde et de lui donner cette paix dont il a tant besoin ?…
Et si nous ne parvenons pas à aimer nos ennemis – ce qui est peut-être réservé à des âmes d’exception – refusons la vengeance, ne rendons pas les coups pour les coups. Alors, j’en suis sûr, le Royaume dont nous rêvons tous sera proche.
Que nous croyons au ciel ou que nous n’y croyons pas, le message d’Amour lancé par le Christ voici deux mille ans, reste valable pour tous les temps.