Le gouvernement par la voix de Luc Chatel, le ministre de l’Education nationale, vient de reprendre un projet qui lui est cher : l’évaluation des élèves « à risque » en troisième année de maternelle, à cinq ans.

Selon ce projet les enfants seraient classés, en fin de maternelle, en élèves « sans problème », « à risque » ou « à haut risque ».

Je m’étonne – et m’alarme – de voir peu de réactions dans les médias devant un tel projet.

Ainsi, dès cinq ans, un enfant serait étiqueté, catalogué, fiché pour toute sa vie et ne pourrait plus sortir des rails qu’on aurait posés devant lui.

C’est oublier que l’avenir du petit de l’homme n’est pas écrit d’avance. C’est lui qui le construit mois après mois, année après année, sous l’influence du milieu familial et social, bien sûr, influence dont peu à peu il s’affranchira.

C’est oublier que « l’élève » est celui qu’on « élève » intellectuellement, moralement, psychiquement, et que c’est précisément le rôle de l’Ecole – et de ses parents, bien évidement – de l’aider à grandir.

Un enfant peut-être indiscipliné, chahuteur voire violent, à cinq ans, et devenir un individu parfaitement responsable à l’âge adulte.

Et c’est justement, grâce à un environnement éducatif et scolaire, qu’il apprendra cette maîtrise de soi qu’il ne trouve pas toujours dans sa famille.

Or, l’étiquette « à risque » et encore plus « à haut risque », sera collée sur lui toute sa vie, lui enlèvera toute confiance en lui, et risque précisément d’en faire un délinquant.

Aussi ce projet qui tend à faire croire que nous sommes génétiquement – voire astrologiquement ! – programmé dès notre naissance, qui ne tient absolument pas compte de tous les événements qui influent sur le parcours d’une vie, et qui veut faire des enseignants des « flics » et non plus des éducateurs, me semble très dangereux.

Quand allons-nous réagir ?!…