Cet homicide épouvantable, commis par un adolescent de 16 ans, ce 22 février, soulève une immense émotion et en même temps bien des questions.

La première : s’agit-il d’un meurtre ou d’un assassinat ? La Justice a retenu la thèse d’un assassinat, c’est-à-dire d’un homicide avec préméditation.

Le fait que le mis en cause ait mis dans son cartable, la veille de l’homicide, un couteau de cuisine avec une lame de 18 centimètres, peut effectivement laisser croire à de la préméditation. Et le procureur de la République de Bayonne a déclaré qu’il était « accessible à une responsabilité pénale. »

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Cependant cet adolescent, lors de sa garde à vue, a mis en avant « une petite voix qui lui parle, un être qu’il décrit comme égoïste, manipulateur, égocentrique, qui l’incite à faire le mal et qui lui aurait suggéré la veille de commettre un assassinat »

Par ailleurs, nous savons qu’il avait fait une tentative de suicide médicamenteuse en octobre dernier, et faisait depuis l’objet d’une prescription d’antidépresseurs par un psychiatre.

Des élèves, qui l’ont connu dans son précédent collège, évoquent – ce qu’il a confirmé lors de sa garde à vue – des faits de harcèlement.

Tout cela laisse penser, de toute évidence, à un jeune « mal dans sa peau ». L’époque morbide dans laquelle nous vivons – que les médias se plaisent à entretenir – n’arrange pas les choses : le Covid et son confinement, la guerre en Ukraine, les inquiétudes pour leur avenir, que soulève, pour les jeunes, la réforme des retraites, tout cela n’a rien d’enthousiasmant.

De plus, il faut bien avoir conscience, qu’il ne suffit pas de soigner les maladies comme les dépressions nerveuses, par des médicaments : il est essentiel de pouvoir parler de son mal-être avec un spécialiste. Cet adolescent a-t-il pu en parler ?…

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A ce propos il faut savoir que la psychiatrie est le parent pauvre de la médecine. Que les médecins et infirmières scolaires sont en nombre insuffisant. Que lorsqu’une infirmière détecte un élève dont la santé mentale est préoccupante, elle ne peut le signaler qu’à ses parents, faute de psychiatre…

Ce n’est pas tout : il serait urgent que les pouvoirs publics contrôlent les réseaux sociaux – et notamment Tik-Tok – qui banalisent le mal, qui déforment les consciences et qui « déboussolent » complètement nos jeunes.

C’est ainsi que sur Tik-Tok, on a pu entendre que les deux personnes, qui s’étaient échappées de la voiture de Pierre Palmade, lors de son accident, avaient bien fait car cela leur permettait de « ne pas aller en prison » ! Ou encore que les jeunes qui caillassent des policiers ont bien raison : les policiers n’ont qu’à les laisser tranquilles, et ne pas intervenir dans leurs trafics de de drogue !

Comment, par de tels propos, éveiller la conscience du bien et du mal, du permis et de l’interdit chez les jeunes ?… Comment les inciter, de cette façon, au respect de la morale quand déjà tant d’adultes – et notamment tant d’élus – ont des conduites déplorables !…

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Je voudrais, pour finir, évoquer quatre points.

Tout d’abord, je pense à la famille de la victime. Quel drame, quelle épreuve pour elle, dont elle ne se remettra sans doute jamais ! Et je me demande, s’il ne faudrait pas, pour qu’elle puisse retrouver un semblant d’apaisement, que ce jeune soit jugé, soit déféré devant une cour d’assises.

Souvenons de l’affaire Sarah Halimi, cette retraitée de 65 ans de confession juive, qui avait été sauvagement tuée en avril 2017, dans le 11e arrondissement de Paris. Les différents jugements et la cour de cassation décrétèrent l’irresponsabilité pénale du meurtrier, en raison de « bouffées délirantes », causées notamment par la consommation chronique de cannabis. Il y avait là un déni de justice évident ! La consommation de de cannabis, n’enlevant en rien l’antisémitisme du coupable !

Il appartiendra à la Justice de prendre en compte l’absence de discernement de cet adolescent, au moment des faits. Et à son avocat d’insister sur cette « petite voix qui l’avait incité à commettre un assassinat » Ces éléments prouvent, me semble-t-il, qu’il n’était pas lui-même alors.

Par ailleurs, j’ai une pensée pour ce jeune homme et sa famille. « J’ai ruiné ma vie, tout est fini », a-t-il déclaré après cet homicide. Aujourd’hui, en prenant conscience de son acte, il est « effondré », nous dit son avocat. Quel poids sur ses jeunes épaules !…

Aussi, Il importe que, dès maintenant, il soit placé dans « un établissement qui prendra en compte et sa jeunesse, et les soins dont il a besoin ». Il a été pris d’un coup de folie inexplicable et à l’issue tragique. Mais je veux espérer que sa vie n’est pas « foutue ». Les nuits les plus sombres des hivers les plus glacials, laissent souvent place à des printemps pleins de promesses et à des étés aux riches moissons. Je souhaite qu’il en soit de même pour ce jeune.

Je voudrais, enfin, que ce drame, avec de très rares précédents, attire l’attention des pouvoirs publics. Il est urgent de renforcer partout en France – et notamment dans l’Education nationale – les effectifs de la psychiatrie ; de redonner de nobles idéaux à nos jeunes et, plutôt que de laisser les réseaux sociaux déformer leurs consciences malléables, de leur donner des exemples d’hommes et femmes qui se sont mis – ou qui se mettent – au service des autres. Au service de la France et du monde.