Bush Irak

Je sais, M. le Président, que vous êtes en deuil. Vous avez eu en effet la douleur de perdre l’un de vos plus fidèles compagnons de route : votre chienne, Miss Beazley, la gardienne de vos chats Bob et Bernadette. Aussi, vous me pardonnerez de venir troubler votre retraite endeuillée, par un rappel de la situation en Irak.

L’Irak. Vous vous souvenez ?… C’était en 2003. Recevant des messages en direct de Dieu, vous avez prétendu que ce pays possédait des armes de destruction massive qui menaçaient le monde. Et vous avez lancé une guerre sainte contre Saddam Hussein, ce dictateur peu sympathique, je vous l’accorde, et qui lui aussi était inspiré par Dieu.

Malheureusement, vous l’ignoriez, les dictatures ne sont pas toujours les pires des régimes. L’anarchie et la guerre civile sont pires.

Saddam Hussein maintenait – d’une main de fer, c’est vrai – mais maintenait un certain équilibre entre les communautés de son pays. Sunnites, chiites, chrétiens pouvaient pratiquer librement leur religion.

Tout cela, à cause de votre intervention, a volé en éclats. Et que voit-on maintenant ? La naissance d’un Djihadistan, ou Etat islamique en Irak et au Levant, encore plus dangereux que ne l’était l’Afghanistan des talibans !

Des milliers de familles fuient devant l’avancée des djihadistes sur les routes de la province de Ninive.

Ce sont ici, 300 familles dont l’arrivée massive à Qaraquosh – première ville chrétienne d’Irak peuplée de 50 000 habitants – déstabilise la situation. Là, à Bartalla, près de 300 familles qui viennent chercher refuge. Ailleurs encore, à Bachiqa, 500 familles. Ou enfin, à al-Qosh, où se trouve un monastère catholique, 600 familles.

Ce triste exode, toutes ces souffrances dont il s’accompagne, vous en êtes responsable, M. Bush. Comme vous êtes responsable de cet éphémère printemps arabe qui a vu une Egypte tomber, après une prise de pouvoir par les Frères musulmans, sous une dictature militaire bien plus sanglante que celle de Hosni Moubarak !

Il est vrai que la France n’a guère fait mieux avec la Libye, dont l’effondrement a ouvert tous les verrous qui stoppaient les flux migratoires venus du Sahel et d’Afrique noire.

Que d’impéritie de la part des hommes qui dirigent notre monde ! Pour atténuer le mal, il eût convenu que les troupes américaines restent en Irak ou que l’Irak dispose encore d’une armée forte capable d’endiguer les soulèvements. Malheureusement, vous avez complètement décapité cette armée, et les troupes américaines ont fini de se retirer en décembre 2011. L’Irak est donc maintenant aux mains des djihadistes tout puissants.

Pardonnez- moi de venir troubler votre deuil cruel avec le rappel de tous ces malheurs et de ces pauvres réfugiés abandonnés à leur triste sort. Et, j’oubliais, recevez toutes mes condoléances pour la perte de votre chère Miss Beazley.