« La nature incite les Etats comme les particuliers à commettre de fautes. Aucune loi ne les empêchera. On a parcouru toute la série des peines, en en ajoutant toujours de nouvelles pour réduire le nombre des crimes.

« Vraisemblablement, autrefois, les peines étaient plus douces pour les plus grands crimes. Mais, comme on finissait à la longue par les affronter, elles ont presque toujours abouti à la peine de mort. Et celle-ci même on la brave. Force est de trouver un châtiment qui cause plus d’effroi à l’homme ; ou bien il faut avouer que la peine de mort n’empêche aucun crime.

« En un mot, il est impossible, il est d’une extrême naïveté de croire que l’homme, quand il se porte avec ardeur à quelque entreprise, peut être arrêté par la force des lois ou par quelque autre crainte » (Thucydide, historien grec Vème siècle avant Jésus-Christ)

Nicolas Sarkozy ferait bien de méditer cette pensée de Thucydide. Depuis huit ans, il ne cesse de faire de la surenchère sur les peines à appliquer aux délinquants et aux criminels. Ce langage fait sans doute plaisir à un certain électorat, mais il faut reconnaître qu’il ne résout en rien les problèmes des violences urbaines.

Et ce n’est pas la menace de peines de trente ans de prison incompressibles, ou de la perte la nationalité française qui arrêteront les assassins dans leur folie meurtrière.

Qui croit encore en l’efficacité de ces menaces et à celle de cette vingtaine de lois sur la sécurité prises depuis 2002 !…

Non ! Nicolas Sarkozy n’est plus crédible. Il désigne des boucs émissaires à la vindicte populaire, il s’en prend aux gens du voyage, aux roms, il démissionne un préfet. Il lance des coups d’épée dans l’eau, et espère gagner des voix pour la prochaine campagne présidentielle.

Je n’ai pas de solution pour stopper la délinquance, les trafics de drogues, les assassinats de toute sorte. Mais, j’ai la certitude qu’on n’arrêtera pas ces fléaux par une escalade de peines dont se moquent les criminels quand ils sont emportés par le feu de la passion, de la déraison ou de la haine…

Karim Boudada, le braqueur tué par les policiers de Grenoble alors qu’il les menaçait avec un fusil d’assaut, aurait été condamné trois fois aux Assises pour vols à main armée. Un individu aussi dangereux n’avait pas à être en liberté. C’est évident.

Malheureusement, depuis 2002 et le passage de Nicolas Sarkozy au Ministère de l’Intérieur, les policiers sont obligés de faire du « chiffre ». Aussi, le nombre des gardes à vue – pour les infractions les plus petites telles qu’une voiture mal garée ou une rue prise en sens interdit par un cycliste – ne cesse d’augmenter d’année en année, pour atteindre le nombre incroyable de près de 900.000 en 2009 !

En agissant ainsi, les forces de l’ordre s’écartent de leur mission véritable et se coupent totalement de la population qui en vient à les détester.

Nos banlieues peuvent exploser à tout moment, suite à un incident malheureux. Et quand dans une banlieue – Rillieux-la-Pape – des gendarmes ont gagné la confiance de la population et font respecter avec tact la loi, Nicolas Sarkozy décide, arbitrairement, par idéologie, de les remplacer par des policiers. C’est vraiment jouer avec le feu et jouer également avec l’argent des contribuables, l’implantation de policiers étant estimée à plusieurs millions d’euros !

Et naturellement, tous les ministres, tous les députés UMP sont à sa botte, s’aplatissent devant lui comme des carpettes ! Mon Dieu ! dans quel Etat vivons-nous ! Nicolas Sarkozy voudrait préparer une guerre civile, il ne s’y prendrait pas mieux…