Qui n’a jamais été pris de vertige
par la fuite du temps ?!…
Les poètes savent particulièrement
traduire cet effroi…

Tout s’écoule
et les êtres ne revêtent
qu’une forme fugitive
Le temps lui-même passe
d’un mouvement ininterrompu,
tout comme un fleuve.
Car, pas plus que le fleuve
l’heure rapide ne peut s’arrêter ;
mais, comme le fleuve est poussé par le flot,
comme la même onde pressée dans sa course
presse à son tour celle qui la précède,
du même mouvement égal,
ainsi les heures fuient et se suivent
toujours différentes ;
car ce qui fut un instant auparavant
est déjà loin,
ce qui n’avait jamais été, est
et tout instant de la durée
et une création nouvelle.

Ovide – Les Métamorphoses – XV, vers 178-185
GF Flammarion – traduction de Joseph Chamonard.
Poète latin très en vue, Ovide (-43 +17)
fut exilé, à l’âge de 50 ans par Auguste,
pour une raison inconnue,
et finit tristement sa vie loin de Rome,
à Tomes, au bord de la mer Noire
(l’actuelle Constantza en Roumanie).