Pour changer un peu des tentatives d’analyse sur la tristesse du terrorisme contemporain, voici quelques réflexions qui me sont venues à l’esprit à l’occasion d’une soirée d’anniversaire…
Samedi 17 octobre 2015 – Minuit – Soirée d’anniversaire…
Soixante ans. Une page qui se tourne dans une vie. Un passé qui devient plus long que l’avenir. Tout cela nous rappelle « l’éphémère » de toute chose.
« L’éphémère » de nos vies dont la durée se limite à quelques dizaines d’années. « L’éphémère » des civilisations qui toutes sont mortelles et qui, après des débuts souvent obscurs et des heures de prospérité, retournent dans l’obscurité dont elles étaient un instant sorties.
« Ephémère » de notre terre emportée dans le silence des espaces infinis. « Ephémère » de notre soleil qui, dans quelques milliards d’années, disparaîtra à jamais. « Ephémère » de notre Univers dont ne savons rien ou si peu. A-t-il eu un commencement ? Aura-t-il une fin ?…
Oui. Tout est « éphémère » et nous ne sommes que l’ombre d’une ombre, déposée un instant sur le sol par le soleil couchant et emportée par la nuit.
Et, au milieu de tout cela, qu’en est-il de l’Eternité et des rêves auxquels elle donne naissance ?…
Longtemps, en effet, le rêve des hommes a été de naître, vivre et mourir sur la même terre, persuadés qu’à leur mort, ils reposeraient à jamais dans la Paix éternelle. Rêve que le caractère « éphémère » de tout vient désormais contredire.
Dans le brouhaha de cette soirée, le cri d’Héraclite retentit à mes oreilles : « Panta rhei » – « Tout passe, tout coule » et « On ne peut se baigner deux fois dans le même fleuve ».
Le poète regarde vers le ciel et accroche sa plume aux étoiles. Ces étoiles qui, pendant des millénaires, ont été des guides pour l’humanité dans sa nuit, des guides qui semblaient immuables, éternels.
Et voilà que les scientifiques désormais expliquent aux hommes que ces étoiles ne sont que d’anciennes boules de gaz et de feu, disparues depuis des milliers d’années-lumière et dont il ne reste que « l’éphémère » incandescence…
Mon Dieu ! Mon Dieu ! Tout n’est-il donc « qu’éphémère » ?!… Non seulement nous sommes appelés à disparaître, mais avec nous tous ceux que nous aimons, tous nos souvenirs, tous lieux que nous aurons marqués de nos pas. Tout. Tout. Absolument tout.
Tristesse ! Grande tristesse ! Mélancolie infinie ! En cette soirée d’anniversaire un trouble immense étreint mon cœur à la pensée du temps que rien n’arrête et qui tout emporte.
Et l’éternelle question se pose une nouvelle fois à moi. Tout cela a-t-il un sens ? Pourquoi, oui, pourquoi, tant de peines, tant de souffrances parfois, si tout retourne au néant ?…
Et tandis que les invités dansent avec insouciance, dans l’ignorance de mes tourments et aux sons d’une musique percutante, une petite, une toute petite voix chuchote à mon oreille : « Ne sois pas triste, petit homme ! Oui, tu es mortel. Oui tout est mortel. Tout est « éphémère ». Mais tu es le seul parmi les créatures à pouvoir goûter et transmettre la JOIE. »
« Ne sois pas triste ! Sois un porteur de JOIE pour tes compagnons de route. La JOIE ne se soucie ni d’hier, ni demain. La JOIE est vieille comme le monde et irradie le cœur de tous ceux qui veulent aimer. »
Musique, chants, danses percent la nuit. Soixante ans. Un instant dans une vie. Mais un instant qui nous rassemble dans la JOIE. La JOIE qui ne pose pas de questions. Qui n’a pas d’états d’âme. Notre seule et éternelle fortune ici-bas.