par Henri LAFFORGUE | Mar 17, 2020 | Actualité, Réflexions diverses
Derrière ce titre provocateur, se cache un vœu.
Je m’explique. Nous vivons dans un monde de plus en plus matérialiste, dans monde dominé par la recherche du « fric » et du profit. Dans un monde de plus en plus individualiste, dans lequel les valeurs du partage, de la solidarité et de la fraternité sont de plus en plus négligées.
Or, que l’on soit croyant ou non, on peut trouver le bonheur tout seul. On peut s’étourdir dans une poursuite sans fin de biens matériels, mais on n’atteindra jamais le bonheur véritable ainsi.
Le bonheur, c’est le partage des peines et des joies de chaque jour. Ce n’est pas le repli sur soi, mais l’ouverture aux autres. C’est le partage fraternel des biens que nous avons avec les plus pauvres, etc.
J’entends déjà certains me traiter « d’angélique » !… Et pourtant !
Et pourtant, comment pouvons-nous nous révolter devant les menaces d’un virus dont la propagation nous échappe, devant lequel nous sommes plus ou moins impuissants, et laisser dans le même temps des centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, être expulsées par le despote Erdogan, devant qui les pays occidentaux se mettent à genou ?!…
Comment pouvons-nous accepter toutes ces guerres qui déchirent la planète, détruisent des villes et des villages entiers, font des dizaines de milliers de victimes, et jettent des populations entières sur les routes à la recherche d’un havre de paix qu’ils ne trouveront jamais ?!…
Comment pouvons-nous accepter qu’un quart de l’humanité – ou plus – soit victime de la faim, soit privée des conditions sanitaires indispensables – eau courante, évacuation des eaux usées, etc.
Alors je le dis, si cette épidémie pouvait nous faire prendre conscience de toutes ces injustices, nous inviter à être moins égoïstes, moins matérialistes, et inviter tous nos dirigeants à s’entendre pour réparer l’irréparable. A remettre enfin un peu plus de justice dans ce monde, oui cette épidémie serait une chance pour l’humanité. Il s’agit sans doute là d’une tâche surhumaine, mais, comme le disait Albert Camus, « on appelle surhumaines, les tâches que les hommes mettent longtemps à accomplir, voilà tout. »
PS : je crains fort que cette chronique ne soit que le vœu pieux d’un idéaliste hors du temps et des réalités. Au moment de l’envoyer, je vois que les magasins sont dévalisés, que des personnes font des réserves alimentaires pour…trois mois ! sans compter toutes celles qui – souffrant vraisemblablement de « gastros » chroniques ! font des stocks de papier toilette !!!…
Pauvre monde où – hélas – l’individualisme et l’égoïsme semblent être à jamais les rois !…
Et j’ai l’impression que l’humanité prend brusquement conscience que nous sommes mortels….
PS : A cette conclusion négative, je tiens à ajouter le commentaire positif de notre fille. Oui, pour elle « le coronavirus est une chance pour l’humanité », mais par pour les mêmes raisons que moi. Je partage totalement son point de vue, persuadé que de tout mal, on peut tirer un bien.
« Je partage ton avis sur le fait que le coronavirus soit une chance pour l’humanité mais pas pour les mêmes raisons.
« J’observe ces jours-ci plus de comportements de solidarité que d’égoïsme (des collègues ou des inconnus qui se portent bénévoles pour porter des courses aux personnes âgées, des collègues inconnus qui se donnent des nouvelles virtuelles en partageant leur repas en photo, des blagues et des encouragements portés par les réseaux sociaux, des gouvernements qui lèvent des impôts, des entreprises qui maintiennent les paies de leurs employés malgré les fermetures de magasins…) Ces actions ne résoudront pas la faim dans le monde mais témoignent bel et bien de notre humanité. Cela va nous inviter à repenser notre manière de travailler, de consommer et de voyager. Et c’est bon pour le climat. Oui cette épidémie peut être une chance par la force des choses. Concentrons-nous sur le positif, il y aura toujours des détracteurs. »
par Henri LAFFORGUE | Mar 5, 2020 | Actualité
Les épidémies n’ont rien de nouveau. Elles ont – au fil des siècles – décimé des populations entières. La nouveauté avec le « coronavirus », c’est peut-être que les médias nous tiennent au courant de sa progression, heure par heure
Est-il plus dangereux que les épidémies précédentes ? Je n’en suis pas certain. Je rappelle que la grippe, l’an dernier, a fait en France, environ 10 000 morts. Ou que la grippe dite – « espagnole » et venue en fait de Chine – a fait, en 1918-1919, entre 50 et 100 millions de morts dans le monde, dont plus de 150 000 Français ! Nous sommes loin de ces chiffres…
…………………………….
Pour mémoire, une importante épidémie – de peste ? – frappa Athènes, à l’époque de Périclès, entre 429 et 425 av. J.C.. Il n’est pas possible de connaître le nombre exact de victimes, mais l’on sait qu’il fut « considérable ».
…………………………….
Au XIVe, la « peste noire » décima, en l’espace de cinq ans, le quart ou le tiers de la population de l’Europe, soit environ 25 000 millions de personnes !…
Cette épidémie s’accompagna d’une vague d’antisémitisme : les Juifs en étant rendus responsables.
Ces épidémies de peste seraient à l’origine de la bague de fiançailles : elle était censée protéger de cette maladie.
La peste accentuait les divisions entre les classes sociales : les pauvres devenaient plus pauvres, et les riches plus riches. L’homme se trouvait seul face à la mort, à la peur de l’enfer, et c’était le temps des « danses macabres ».
Pendant trois siècles, il y eut une accoutumance au mal. Ainsi Richelieu, au XVIIe siècle, lors du siège de la Rochelle, n’hésitera pas à traverser la France avec ses troupes atteintes de la peste…
…………………………………………
Marguerite Yourcenar, dans son roman « L’œuvre au noir » décrit ainsi l’évolution de l’épidémie de peste qui frappa les Pays-Bas, au XVIe siècle :
« La peste venue d’Orient, entra en Allemagne par la Bohême. Elle voyageait sans se presser, au bruit des cloches, comme une impératrice. Penchée sur le verre du buveur, soufflant la chandelle du savant assis parmi ses livres, servant la messe du prêtre, cachée comme une puce dans la chemise des filles de joie, la peste apportait à la vie de tous un élément d’insolente égalité, un âcre et dangereux ferment d’aventure.
« Le glas répandait dans l’air une insistante rumeur de fête noire : les badauds rassemblés au pied des clochers ne se lassaient pas de regarder, tout en haut, la silhouette du sonneur tantôt accroupi, tantôt suspendu, pesant de tout son poids sur son grand bourdon. Les églises de ne chômaient pas, les tavernes non plus. »
……………………………………
« Entre 1629 et 1631 une épidémie de peste « bubonique », dite « la grande peste de Milan » coûta la vie à plus d’un million de personnes, en Italie septentrionale, sur 4 millions d’habitants.
On nota alors « l’accroissement de la dépravation dans des proportions effrayantes. Une frénésie de jouissance s’empara de ceux que le fléau épargnait et tous les moyens parurent bons pour s’enrichir afin de satisfaire cette soif de voluptés, avant de succomber à l’épidémie. » (cf Histoire de la guerre du Péloponnèse de Thucydide – Garnier Flammarion – traduction de Jean Voilquin – note n°16
…………………………………..
Enfin, nous avons tous en mémoire, le roman d’Albert Camus, « La peste », dans lequel l’auteur décrit une épidémie frappant la ville d’Oran, en Algérie.
J’en retiens les citations suivantes : « Les fléaux, en effet, sont une chose commune, mais on croit difficilement aux fléaux lorsqu’ils vous tombent sur la tête. Il y a dans le monde autant de pestes que de guerres. Et pourtant pestes et guerres trouvent toujours les gens aussi dépourvus. »
« Ils continuaient de faire des affaires, ils préparaient des voyages, et ils avaient des opinions. Comment auraient-ils pensé à la peste qui supprime l’avenir, les déplacements et les discussions ? Ils se croyaient libres et personne ne sera jamais libre tant qu’il y aura des fléaux. »
…………………………………
Pour en revenir à ce fameux « coronavirus », je note l’attitude paradoxale des différents gouvernements dans le monde. Ainsi, alors qu’en Italie du nord, où se trouve un foyer important, les autorités placent dans une quarantaine draconienne certaines cités, à Lyon on maintient un match de foot qui accueille de nombreux supporters italiens !…
Je note également la fragilité de l’économie mondiale, dont l’équilibre ne tient qu’à la confiance de tous les actionnaires de la planète. Il suffit qu’une menace pèse sur le rendement de leurs actions, pour qu’ils les vendent massivement, et entraînent le monde dans une crise financière, boursière et politique dont les conséquences peuvent être dramatique