par Henri LAFFORGUE | Jan 12, 2014 | Actualité, Réflexions diverses
La vie privée de chaque citoyen – quel qu’il soit – ne regarde que ses intimes, que ses proches, et pas le public.
Aussi, j’ai le plus grand mépris pour ces journalistes d’alcôves qui étalent au grand jour la liaison supposée de notre Président de la République avec une actrice.
Mais si cette information est exacte, je veux dire ici ma profonde inquiétude.
Je n’ai aucun jugement à porter sur la vie privée de notre Président. Je dirais toutefois que je ne partage sans doute pas la même conception que lui de la fidélité en amour et de la fidélité tout court.
Mais ce qui m’inquiète au plus haut point, c’est qu’un homme qui a entre ses mains le destin de la France – d’une France exsangue dans laquelle le chômage, la pauvreté et la misère s’amplifient chaque jour – ce qui m’inquiète, c’est que cet homme sur qui repose la destinée de ma Patrie, trouve le temps de sacrifier à ce que le général de Gaulle appelait : « la bagatelle » !…
Je le répète, je n’ai aucun jugement à porter sur la vie privée de François Hollande. Mais je pensais – naïvement – qu’il consacrait tout son temps, toute son énergie au redressement de la France, et je me demande s’il peut à la fois, avec une même ferveur, une même application, un même sérieux, assouvir ses passions et servir les intérêts de la France…
par Henri LAFFORGUE | Mar 25, 2012 | Actualité, Histoire
J’avais dix ans en mai 1958. Je rêvais d’une Algérie, française et j’étais persuadé que le général de Gaulle allait donner vie à ce rêve. On connaît la suite…
Cinquante-quatre ans plus tard, je ne renie pas mes rêves d’enfant. Mais l’Algérie française dont je rêvais était une Algérie fraternelle, une terre sur laquelle tous, quelle que fussent la couleur de leur peau, leur origine ethnique et leur religion, musulmans, chrétiens, juifs et autres, auraient eu les mêmes droits. A tel point qu’un Arabe aurait très bien pu devenir ministre, voire président de la République…
Etait-ce possible ? Quand il est arrivé au pouvoir le général de Gaulle, a été poussé par un formidable élan populaire, et il pouvait tout, ou presque tout. Malheureusement, il ne voulait pas d’une Algérie française – pour de multiples et peut-être bonnes raisons – et il a laissé pourrir la situation et l’Algérie est devenue algérienne dans le sang, avec l’exil d’un million de pieds-noirs, avec le massacre de milliers de harkis, et avec des plaies qui, aujourd’hui encore, ne sont pas refermées…
L’Algérie française, un rêve d’enfant irréalisable ? Je pense aujourd’hui que les élans de fraternité qui ont uni les Français et les Arabes, en mai 1958, étaient surtout des élans émotionnels, dus à la lassitude d’une guerre qui durait depuis quatre ans et à l’espoir de tous se rassembler dans la paix. Mais, l’émotion retombée, le quotidien revenu, les Français étaient-ils vraiment prêts à partager leurs pouvoirs avec les Arabes ? Etaient-ils prêts à ce que les Arabes deviennent des Français « à part entière » ? Je n’en suis pas certain, même si le général de Gaulle, avec son charisme et son autorité, aurait pu imposer cette égalité…
Il y a plus. En 130 ans de colonisation, la France avait commis bien des injustices vis-à-vis de la population autochtone, avait commis bien des fautes, parfois des crimes, et avait ouvert de profondes blessures. On avait, par exemple, exproprié les Arabes de leurs meilleures terres pour les donner aux colons. On avait fait appel aux Arabes pour libérer la France en 14-18, puis en 39-45. Combien avaient laissé leur vie dans ces deux guerres – qui ne les concernaient pas – et qu’avaient-ils eu en retour ? Rien. Les appels légitimes à l’indépendance de certains d’entre eux, à la fin de la guerre, avaient été réprimés dans le sang.
Toutes ces injustices, toutes ces blessures, les massacres comme celui de Sétif en 1945, et – il ne faut pas l’oublier – les exactions des partisans de l’indépendance avaient sans doute provoqué un point de non retour, et fait naître des haines et des rancunes inexpiables…
Ma tristesse, aujourd’hui, c’est de voir que l’indépendance de l’Algérie n’a rien résolu. Le peuple algérien – riche de son pétrole et de son gaz – vit dans la misère ou la pauvreté. Et pour moi, les problèmes de nos banlieues, de la délinquance, des voitures brûlées, sont une des conséquences d’un ressentiment né de la colonisation et de la guerre d’indépendance…
Combien de temps faudra-t-il pour qu’Arabes et Français regardent sereinement un passé dont ils ne sont pas responsables et acceptent de construire un avenir fraternel et paisible ? Nous appartenons à un même monde, et nous ne pouvons indéfiniment ressasser les fautes, les crimes commis par ceux qui nous ont précédés. Nous ne pouvons rien construire dans la négation du passé, sans un respect réciproque, sans le dialogue.
Alors n’oublions pas le passé, mais dépassons-le. Unissons nos efforts pour redonner vie à cette amitié en entre l’Algérie et la France à laquelle nous devons tous aspirer et pour construire ce monde fraternel et sans haine dont nous rêvons tous.
Un monde fraternel et sans haine ?… N’est-ce pas, encore et toujours, mes rêves d’enfant qui me poursuivent ?… Non ! c’est l’Espérance inébranlable qui m’habite et que je veux partager avec le plus grand nombre…
par Henri LAFFORGUE | Nov 16, 2010 | Histoire
J’ai regardé, hier soir, le documentaire sur Pétain. Edifiant ! Il a dû en faire se retourner plus d’un dans leur tombe…
En fait, j’ai eu la confirmation de ce que je pressentais depuis un certain temps, Pétain n’était pas quelqu’un d’intéressant. Il a réellement trahi la France et misé sur la victoire de l’Allemagne. Son grand âge ne saurait être une excuse.
Longtemps on a cru qu’il avait été manipulé par son entourage. Laval notamment. Je ne le crois pas. Il suffit de voir le projet de mesures prises contre les Juifs qu’il a renforcé.
Comme beaucoup de ceux qui prêchent la morale – Travail, Famille, Patrie – Pétain a eu une vie morale loin d’être exemplaire et c’est à juste titre qu’on peut dire qu’il a été un « chaud lapin ».
Ce personnage montre bien à quel point il est dangereux de faire d’un homme un Dieu, fût-il le vainqueur de Verdun… Et ce qui est valable pour Pétain est valable pour tous les chefs d’Etat, de tous les temps, quels qu’ils soient.
Je n’ai aucune sympathie pour de Gaulle dont on a fait également un Dieu.
Mais reste que les pétainistes et les gaullistes des années noires – et non pas ceux qui se baptisent « gaullistes » aujourd’hui et ne risquent que leur siège d’élu – furent pour beaucoup de grands Français qui ont souvent donné leur vie pour la France. Beaucoup imaginèrent un accord secret entre Pétain et de Gaulle. Il n’en fut rien. Hélas.
Les quatre années de collaboration prônées par Pétain sont une page peu glorieuse de notre histoire. Et la guerre civile, que de Gaulle a bien attisée, n’est pas moins glorieuse.
par Henri LAFFORGUE | Nov 9, 2010 | Actualité, Histoire

C’est aujourd’hui le quarantième anniversaire de la mort du général de Gaulle. Les éloges ne tarissent pas et chacun se dit gaulliste et voit en lui, l’homme du rassemblement.
Pourtant, de Gaulle, s’il a été un homme hors du commun – qui peut le nier ? – a été le plus grand diviseur que la France n’ait jamais connu.
S’il était bien qu’un Français, le 18 juin 1940, porte haut nos couleurs et appelle à la Résistance, il est très regrettable que cet homme ait cherché, avant la victoire militaire contre l’Allemagne, le pouvoir politique en France.
Contrairement à ce que prétendre nos gaullistes d’aujourd’hui, qui ne risquent rien sinon leur place confortable d’élus, de Gaulle a divisé les Français pendant toute la guerre, les a montés les uns contre les autres, et est pour beaucoup dans la guerre civile qui a accompagné la Libération.
Tout le monde a la nostalgie de Radio Londres. Mais qui se rappelle – derrière les messages d’espoir envoyés par cette radio – l’émission « Les traites au pilori » au cours de laquelle les porte-parole de de Gaulle désignaient nommément les Français à abattre, au mépris des règles élémentaires de Justice, de la présomption d’innocence de tout citoyen et de son droit à se défendre ? Combien ont été lâchement exécutés à la Libération ou avant, sans aucun procès, alors que secrètement, sous une apparence de collaborateur, ils travaillaient pour la libération de la France !
Que dire encore de la parodie du procès de Pierre Laval et de son ignoble exécution. Peut-être méritait-il une condamnation à mort. Mais il avait le droit de se défendre et les magistrats l’on empêché de s’exprimer. Et alors qu’il s’était empoisonné avec une ampoule de cyanure, on lui a fait un lavage d’estomac puis on l’a conduit, sur une civière, jusqu’au poteau d’exécution. Ô la honte, la grande honte pour la France et pour de Gaulle qui a accepté de telles choses !…
Que dire enfin de cette politique algérienne faite d’atermoiements et de mensonges, qui a déchiré la France et l’Algérie et dont les blessures, cinquante ans après, ne sont toujours pas refermées. En revenant au pouvoir en 1958, de Gaulle a porté les espoirs de tous, et il les trahis lamentablement. Il avait toutes les cartes en main pour rassembler fraternellement les communautés d’Algérie et de France et il a semé, une nouvelle fois, la haine et la désolation.
Alors, de Gaulle homme de rassemblement ? De Gaulle grand français ? Qu’on me permette de répondre NON, même si je dois mettre un bémol aux éloges dithyrambiques du jour !…
Et j’ai fait court. Je n’ai pas parlé de cette réflexion de Georges Bidault à François Mauriac : « Si vous saviez comment il nous traite… nous, ses ministres ! » (parole rapportée par Claude Mauriac – 3 janvier 1946 – Un autre de Gaulle).