Le plus grand paquebot du monde…

Les armateurs sont fiers de leur dernière création : le plus grand paquebot du monde, « L’Harmony of the seas », qui sera livré par la Chambre des Métiers de Saint-Nazaire, le 12 mai prochain, à son propriétaire américain, la Compagnie américaine de croisière Royal Carribbean.

Long de 362 mètres et possédant 16 ponts, ce paquebot pourra transporter 8 000 passagers et hommes d’équipage.

Personnellement j’appelle cela de la démesure complète, ce que les Grecs anciens dans leur sagesse avaient baptisé « hubris ».

Je ne doute pas des compétences de tous les ingénieurs, techniciens et ouvriers qui ont participé à la conception, puis à la réalisation de ce géant des mers.

Mais ils oublient que nos plus belles embarcations ne sont que des fétus de paille devant la force sans limite des océans, et seront balayés en un instant avec leurs 8 000 occupants le jour où les flots se déchaîneront !…

J’en reviens donc au Grecs anciens et à cette inscription qu’ils avaient mise sur le fronton du temple d’Apollon à Delphes : « Méden agan » – « Rien de trop ». Bien des malheurs et des drames proviennent de l’oubli de cette sage recommandation…

Peut-on croire encore en Dieu après le typhon des Philippines ?…

Les violences de toutes sortes, les guerres, la barbarie qui déchirent le monde, sont l’œuvre des hommes. Elles nous révoltent mais sont les fruits de l’égoïsme, de la soif de domination, et de la démesure des hommes, et les croyants ne peuvent en rendre responsable leur Dieu.

Mais le typhon qui balaie tout sur son passage aux Philippines ? Qui tue des centaines, des milliers d’innocents. Qui laisse des milliers d’orphelins. Qui plonge dans le plus grand dénuement tout un peuple qui maintenant meurt de faim, de soif, de maladies. Peut-on, après l’injustice d’un tel cataclysme, croire encore en Dieu ?…

La question se pose depuis la nuit des temps après chaque catastrophe.

Personnellement je n’ai pas de réponse. Mais je crois aux miracles de l’Amour. Et s’il est un Dieu d’Amour, je crois que de tels drames lui échappent, qu’Il n’en est pas responsable et qu’il ne s’agit en aucun cas d’un châtiment.

Au milieu de toutes ces terribles épreuves, et par delà la sauvagerie qu’elles engendrent – pillages, luttes sans merci pour avoir un peu de nourriture, un peu d’eau – on assiste à des élans de solidarité, de générosité, de partage extraordinaires. N’est-ce pas là la marque de l’Amour qui, s’il ne peut redonner la vie aux morts et soulager toutes les blessures physiques, apporte tant aux âmes, aux cœurs ?…

Dans la nuit du monde, je me réjouis de la naissance de cette petite Bea Joy, dans un des bâtiments de l’aéroport de Tacloban, quelques heures après le passage du typhon. Sa maman a vingt et un ans, et elle a reçu le nom de sa grand-mère disparue dans drame.

Ainsi la vie est plus forte que la mort ! Puisse cette enfant être une JOIE pour les siens et pour tous les Philippins ! Puisse-t-elle incarner tous les espoirs, toutes les promesses inscrites dans chaque enfant qui vient de naître !