par Henri LAFFORGUE | Mai 10, 2014 | Actualité

Les médias en ont à peine parlé. Deux mots à la radio et à la TV. Un ou deux entrefilets dans la presse écrite. Et puis plus rien.
Un gigantesque glissement de terrain a emporté, le 2 mai, le village d’Aab Barek, dans le distict d’Argo, une région pauvre et montagneuse du Badakhstan en Afghanistan. Le nombre des victimes ? 300 ou plus de 2 000 morts ? Sans compter les centaines de sinistrés qui ont perdu leurs proches et tous leurs biens. Des agences humanitaires et des ONG ont fourni 80 tonnes de nourriture pour les sinistrés qui se sont réfugiés sur les hauteurs et ne veulent plus retourner dans leur village. De quoi tenir quelques semaines.
J’ai une pensée émue pour tous ces pauvres malheureux. Dans un pays déjà déchiré par trois décennies de guerre, dans lequel il faut davantage parler de survie que de vie, voilà qu’une nature hostile se déchaîne encore davantage contre eux.
Une pensée émue ? C’est bien peu. Mais je voudrais que mes lecteurs aient aussi une pensée pour eux. Que cette terrible catastrophe, loin de nos contrées, s’inscrive dans notre cœur et nous invite à relativiser nos propres malheurs, nos propres infortunes quand nous avons la chance d’avoir toujours un toit où nous mettre à l’abri et profitons de toutes les aides de notre pays quand nous sommes dans le besoin.
J’ai enfin une pensée de gratitude pour toutes ces femmes et tous ces hommes des agences humanitaires et des ONG qui font tant pour venir en aide à tous ces sinistrés.
par Henri LAFFORGUE | Août 14, 2012 | Actualité, Réflexions diverses
Une cérémonie aux Invalides. Une autre à Varces, siège du 7ème Bataillon de Chasseurs Alpins et, l’actualité chassant l’actualité, le Major Franck Bouzet, 88ème soldat français tué en Afghanistan, sera vite oublié des médias, de même que le soldat infirmier Olivier de Vergnette de Lamotte blessé en lui portant secours.
Resteront cependant la peine et les larmes d’une veuve et de trois orphelins, et de tous ses frères d’armes, en France et sur tous les théâtres d’opérations du monde.
Une question m’oppresse : pour quoi, pour qui cet homme est-il mort ?
Cette guerre d’Afghanistan qui apporte chaque semaine – chaque jour ? – son lot de blessés, de morts, d’attentats, d’horreurs est pour beaucoup lointaine, inutile et perdue d’avance. Alors pourquoi donner sa vie là-bas ?
En s’engageant dans l’armée comme simple soldat, en 1984, Franck Bouzet savait que le soldat a le redoutable et terrible pouvoir de donner la mort, et le risque aussi grand de la recevoir. Cela au nom de valeurs supérieures telles que la Liberté, la Paix, la Fraternité.
Franck Bouzet ne se battait pas en Afghanistan pour asservir un peuple, pour imposer une domination, mais pour le libérer.
Nous le savons tous, les Talibans veulent imposer aux Afghans et aux Afghanes une véritable dictature. Leur imposer l’obscure et inhumaine charia avec ses voiles, ses burqas, l’oppression des femmes, la lapidation de la femme adultère, etc.
C’est contre tout cela que l’adjudant-chef France Bouzet se battait.
Il est mort par fidélité à un devoir supérieur qui dépassait sa propre vie.
Je sais que l’Honneur n’est plus guère prisé de nos jours. J’affirme cependant qu’il est mort dans l’Honneur, pour l’Honneur, et pour la France.
« L’Honneur est la colonne vertébrale de nos armées, le pilier indispensable qui les tient droites et dignes. Une armée sans honneur n’est rien de plus qu’une milice, une bande de terroristes sans foi ni loi. » (Général Henri Bentégeat – Aimer l’Armée – 2012)
« Honneur et Patrie », tels sont les deux mots inscrits en lettres d’or sur nos drapeaux, sur ces drapeaux qui ont accompagné les derniers hommages rendu à ce major à titre posthume. Quelle fierté pour tous les siens, par delà la cruauté de ce deuil !
D’aucuns diront que les 88 militaires français qui sont tombés en Afghanistan sont morts pour rien, nos troupes quittant ce pays sans que la paix y règne. Rien n’est plus faux. Leur sacrifice fait la fierté de la France et des soldats afghans qui luttent eux aussi, héroïquement pour la Paix dans leur pays. Leur sang versé trace un chemin, une trajectoire et indique une marche à suivre.
par Henri LAFFORGUE | Mar 24, 2012 | Actualité, Réflexions diverses
ll n’y a pas mots pour qualifier les tueries de Montauban et de Toulouse, et dire l’horreur de ces actes.
Trois jeunes parachutistes et quatre juifs (un père de famille de 30 ans et ses deux fils 5 et 4 ans, et une fillette de 7 ans) sont morts au petit matin de la vie.
Pourquoi ? Pour se venger de l’engagement de notre armée en Afghanistan et parce qu’ils étaient juifs ?…
Comme à la suite de tout drame apparaissent des polémiques. Le tueur était connu des services de police et de renseignement, et aurait donc dû être arrêté avant ces crimes. Le RAID aurait dû procéder autrement pour arrêter le tueur vivant.
Je ne prendrai pas part à ces polémiques et dirai simplement qu’il y en France et dans le monde des milliers de tueurs potentiels et qu’on ne peut pas arrêter systématiquement des personnes qui présentent un danger virtuel. Et il est trop facile, après un drame, de refaire l’histoire.
Je dirai, sans être fataliste, qu’il y a dans ce drame une part de fatalité qui nous échappe.
Je mesure la peine immense des familles, des amis, et des proches des victimes.
Je ne puis croire que la vie de ces innocents s’arrête à jamais en cette veille d’un nouveau printemps. Pour les croyants, elle se poursuit d’une façon qui nous échappe dans le bonheur et la joie, loin des peines de ce monde.
Que dire du « tueur » ? Un terroriste, un fanatique, un fondamentaliste, un djihadiste, un fou de de Dieu, ou un fou tout cout ?
Un peu tout cela, sans doute. Je ne sais quel mot employer, mais je refuse de le qualifier de « monstre » ! Ce tueur, hélas, est un homme. Un homme qui a basculé dans le mal le plus profond. Un homme qui incarne la face la plus sombre de l’homme.
Après avoir semé la mort, il a choisi la mort, privant les familles des victimes du face à face d’un procès qui leur aurait peut-être permis de comprendre les raisons d’une telle haine, d’une violence…
Dans un monde déchiré par les guerres, par la violence, par la haine, on ne saurait répondre par les mêmes armes à de tels actes. On ne saurait stigmatiser les musulmans qui, dans leur très grande majorité, n’aspirent qu’à la paix.
Ceux qui viennent de nous quitter si tragiquement en laissant des familles éplorées ne nous demandent pas de les venger.
Ils nous rappellent simplement peut-être, que la source de tous nos maux est un manque de dialogue, un manque de communication, un manque d’amour.
A l’heure où l’on parle tant de communication, il semble que nous soyons de plus en plus sourds, que nous vivions presque en autistes, qu’imbus de nos vérités, nous n’écoutons plus l’autre et nous soyons de plus en plus intolérants.
Je n’ai pas à prendre la défense de Mohamed Merah, dont les crimes sont horribles et dépassent l’entendement. Mais, d’après le peu que je sais, il semble avoir une enfance très perturbée et chaotique qui peut expliquer – sans justifier – sa dérive.
Que de choses se forgent dans la petite enfance qui contribuent à faire d’un enfant aujourd’hui un criminel demain !… Et la prison loin de remettre les égarés sur la bonne voie, est trop souvent un lieu de perdition…
Il n’y a qu’une réponse pour éviter que le petit de l’homme ne sombre dans la violence, l’écoute, le dialogue et l’Amour. Ils n’empêcheront jamais, hélas, tous les crimes dus à notre liberté, mais en éviteront beaucoup.
Mes pensées au terme de ces quelques réflexions, vont pour les familles de ces sept victimes. Je partage leur peine, leur souffrance. Je comprends leurs sentiments peut-être de révolte. Je leur souhaite de trouver l’apaisement dont elles ont besoin grâce à leur foi, et grâce à l’aide, à la solidarité de leurs proches.
par Henri LAFFORGUE | Jan 24, 2012 | Actualité, Politique
Quatre de nos soldats viennent de trouver tragiquement la mort en Afghanistan. La France entière, une nouvelle fois, est en deuil.
Sans vouloir faire de procès d’intention, je constate avec tristesse la réaction précipitée de Nicolas Sarkozy et la surenchère de François Hollande.
Tous deux, pour de basses raisons électorales, prennent l’engagement d’un retour anticipé de nos troupes
Voilà qui voudrait dire que tous nos hommes tombés sur cette terre lointaine, sont morts pour rien. Voilà qui serait un formidable signal d’encouragement pour les talibans. Voilà qui feraient perdre confiance à tous les Afghans qui ont placé leur espoir en nous.
J’ai entendu, samedi soir, notre Ministre de la Défense, Gérard Longuet, déclarer : « C’est un meurtre. Ce n’est pas la guerre ».
Voilà qui témoigne d’une dramatique et grave méconnaissance de l’Histoire et d’une vision bien loin de la réalité et très idyllique de la guerre.
Gérard Longuet oublie la mort de millions de déportés de la dernière guerre, juifs, résistants, otages. Il oublie les camps « nuit et brouillard » où les détenus trouvaient la mort sans laisser de traces…
Il oublie la violence et la haine de ces années noires. Il oublie les traîtres, les dénonciateurs qui ont fait tant de mal. Il oublie les règlements de compte, les vengeances, les exécutions sommaires de la Libération.
Il oublie les crimes de la guerre d’Algérie. Les tortures, les « corvées de bois », etc.
Non, Monsieur le ministre, la guerre ne se fait pas en casoar et gants blancs !…
Enfin, nos dirigeants et candidats, ne cherchent pas à comprendre les motivations des soldats afghans qui nous trahissent.
Un Afghan n’est-il pas viscéralement poussé à trahir son armée quand il voit des soldats américains uriner sur des cadavres talibans.
Il y a là un sacrilège inexpiable, une négation, une profanation de la part d’humanité dont tout homme est porteur, fût-il notre ennemi !
Et je ne parle pas de ces « bavures » fréquentes où des familles entières de civils afghans sont anéanties par « erreur » par les soldats de la coalition.
Tout cela ne peut que provoquer la colère soldats afghans et les pousser à la vengeance, à la trahison et au meurtre.
Tout cela, hélas ! fait partie de la guerre, de toute guerre.
Nicolas Sarkozy, Gérard Longuet, François Hollande et toute la clique d’exécrables opportunistes et démagogues, feraient bien de relire l’Histoire et s’en souvenir !…
par Henri LAFFORGUE | Nov 14, 2011 | Actualité, Histoire
Une assistance nombreuse se pressait ce 11 novembre au monument pour la Paix à Rillieux. Voici le discours lu par le vice-président du Souvenir Français de Rillieux, lors de cette cérémonie. N’oublions pas nos morts tombés pour la France !
Le 11 novembre 1918, à onze heures, les cloches de toutes les églises de France ont sonné, pour annoncer la fin de la guerre.
Ce furent un peu partout des larmes de joie et des larmes de tristesse.
Larmes de joie, pour célébrer la fin d’un enfer qui avait duré quatre ans.
Et larmes de tristesse dans d’innombrables foyers marqués par un deuil cruel.
Tout a été dit sur terrible guerre : 1,5 million de morts pour la France, 4 millions de blessés, 700 000 veuves et 650 000 orphelins.
Tout a été dit sur cette Première Guerre mondiale et ses 20 millions de morts et 21 millions de blessés !
Tout a été dit, enfin, sur cet Armistice malheureux qui portait en germe la Deuxième Guerre mondiale.
Le maréchal Foch eut cette parole prophétique, après le Traité de Versailles : « Ce n’est pas une paix, c’est un armistice de vingt ans. »
Oui, tout a été dit sur cette guerre meurtrière. Et pourtant, il ne faut pas craindre de se répéter.
Il faut se souvenir de tous ces hommes qui sont devenus des héros sans l’avoir voulu. Il faut se souvenir de leur sacrifice et perpétuer leur mémoire.
Mais ce regard vers le passé doit être aussi tourné vers l’avenir et nous donner la force, le courage, l’audace dont nous avons tant besoin pour construire ce monde fraternel que nos aînés n’ont pas réussi à construire.
Ce n’est pas pour rien que Verdun avec ses 306 000 morts et ses 400 000 blessés, est devenue capitale mondiale de la Paix.
Il dépend de nous, de chacun de nous, que le sang versé hier devienne une source de Paix.
Notre monde est déchiré par d’innombrables conflits devant lesquels nous pouvons nous croire impuissants.
Que de morts et de blessés, chaque jour, en Afghanistan, en Syrie, en Irak, en Libye et dans combien de pays du monde ! Que pouvons-nous faire pour éviter toutes ces souffrances qui appellent sans cesse à la haine et à la vengeance ?…
Devenons accepter cet engrenage de la violence comme une fatalité contre laquelle nous ne pourrions rien ?…
La guerre est contagieuse. Nous la savons. Mais souvenons-nous que la Paix est tout aussi contagieuse.
Nos poilus d’hier nous disent : « Faites la paix dans vos foyers, dans vos familles, avec vos amis, avec vos proches, avec toutes celles et tous ceux que vous rencontrez chaque jour. »
Si nous savons faire la Paix dans notre entourage, alors elle se répandra de proche en proche et inondera le monde.
Enfin, dans un monde touché par la désespérance, nos poilus nous répètent : « Ne désespérez pas ! »
Le monde connaît la plus grave crise économique et financière qu’il n’ait jamais connue. Veillons à ce que cette crise n’engendre pas des replis sur soi égoïstes et frileux, mais qu’elle soit l’occasion de fortifier notre générosité, notre solidarité et notre sens de la justice.
Voilà la leçon que nous donnent nos morts de 14-18. Le Souvenir Français nous invite à la suivre fidèlement. Alors nos morts pourront dormir en paix. Alors leur sang n’aura pas coulé en vain. Alors ils seront fiers de nous.