Ces morts si vite emportés dans l’oubli…
Le 8 mai, le sergent Marcel Kalafut, 26 ans, du 2e REP de Calvi, trouvait la mort « au service de la France », dans le Nord du Mali.
Le 13 mai, des hommes de la Force Sangaris, trouvent le corps de la photographe Camille Lepage, 26 ans, tuée sans doute dans un guet-apens.
Le 13 mai également, plus 300 mineurs (bilan à ce jour) trouvent la mort à la suite d’une explosion survenue dans une mine à Soman à l’Ouest de la Turquie !
La liste de tous ceux qui trouvent une mort tragique qu’elle soit due aux guerres ou à des accidents qui auraient pu être évités, s’allonge chaque jour, hélas, et la mort des uns entraîne aussitôt dans l’oubli, la mort des autres.
Je voudrais m’arrêter quelques instants ici sur ces trois drames qui ne sont nullement dus à la fatalité.
Je pense tout d’abord à ce jeune sergent, Marcel Kalafut, emporté au printemps de la vie. J’avoue mal saisir les nuances entre les mentions « Mort pour la France » et « Mort au service de la Nation. Pour moi, ce jeune sous-officier, qui servait depuis sept ans dans l’armée française, est mort pour « la Liberté, la Justice et la Paix » dont la France veut être la championne.
Je veux rappeler ici que nos soldats ne font pas la guerre par amour de la guerre, mais par haine de la guerre. S’ils ont recours à la violence, c’est parce que c’est hélas la dernière arme pour neutraliser une violence plus grande. Ils ont le redoutable pouvoir de tuer et, en contrepartie, ils acceptent d’être tués.
Il est donc légitime que la France leur rende les honneurs et ils ont besoin d’être soutenus et aimés. Et il faut penser également, à tous nos soldats qui sont blessés en opérations et qu’on oublie un peu trop facilement…
La mort de la jeune photojournaliste, Camille Lepage – 26 ans – dont le corps a été retrouvé mardi dernier, 13 mai, par des hommes de la force Sangaris, à l’extrême ouest de la Centrafrique, nous rappelle une nouvelle fois les risques courus par les correspondants de guerre. Il faut féliciter et remercier ces femmes et ces hommes qui risquent leur vie pour informer le monde des injustices, des violences, des massacres qui ont lieu à tel ou tel endroit de la planète. C’est grâce à eux que l’opinion internationale peut se mobiliser pour essayer de ramener la paix là où se trouve la guerre.
Enfin, la mort de plus de trois cents mineurs, à la suite d’une explosion à plusieurs centaines de mètres de profondeur, dans une mine de charbon à Soma, à l’extrême ouest de la Turquie, nous interpelle sur les conditions d’insécurité totale dans lesquelles travaillent d’innombrables mineurs dans le monde. Le PDG de Soma Holding, se félicitait en 2012, d’avoir réduit par plus de cinq les coûts de production depuis la mine était gérée selon « les méthodes du privé ». On voit le résultat. La Turquie occupe la troisième place dans le triste record des accidents miniers dans le monde ! On voit là les conséquences d’une économie au service de la productivité et de la rentabilité et non plus au service de l’homme.
J’arrête là cette triste énumération. D’autres drames sont survenus depuis, hélas, à la suite des guerres, du terrorisme, et d’accidents qui auraient pu être évités.
J’ai une pensée émue pour tous ces morts que je viens citer. Je pense à eux et à leurs familles dans la peine. Elles ne liront sans doute jamais ces lignes. Puissent-elles trouver un peu de réconfort dans leur malheur auprès de leurs proches et auprès des autorités civiles, militaires et religieuses ! Puisse enfin le monde écouter un peu la voix de la sagesse et de la mesure ! Mais n’est-ce pas là un vœu pieux ?!….