Peut-on encore croire en la justice des hommes ?…

 

Je ne sais pas s’il y a une justice divine ou non, mais j’ai de plus en plus de mal à croire en la justice des hommes.

Comment y croire, en effet, quand une femme de 66 ans, Jacqueline Sauvage, battue pendant 47 ans par son mari, victime de viols de sa part – viols dont ont été également victimes ses trois filles – vient d’être condamnée en appel par la cour d’assises du Loir-et-Cher, pour avoir tué son mari de trois coups de fusil.

Il est vrai que les trois coups de fusil ont été tirés dans le dos de la victime et qu’on ne peut donc invoquer la légitime défense. Mais quand même !

Cette femme avait connu son mari quand elle avait 14/15 ans. Il sortait d’une maison de correction et, selon son avocate, elle en était « follement amoureuse ».

Le tribunal lui a reproché sa passivité, le fait de n’avoir jamais dénoncé les coups et les viols dont elle et ses filles étaient victimes. Et a refusé que la peine prononcée soit « un permis de tuer ».

Certes tuer quelqu’un n’est jamais un acte innocent, et ne doit pas être banalisé. Mais dans le cas présent, le tribunal n’aurait-il pas dû donner une peine avec sursis et laisser en liberté cette femme qui a déjà tant souffert ?!…

J’ajoute enfin, que le fils de cette femme – lui aussi victime de violences de la part de son père – s’était suicidé la veille du jour où cette femme a tué son mari. Ce suicide n’a-t-il pas été le facteur déclenchent du passage à l’acte de sa mère ?…

Je lis dans la presse que l’avocat général aurait influencé les jurés en leur laissant entendre que cette femme pourrait être libérable en janvier 2017, grâce aux remises de peine et au système de liberté conditionnelle. Calculs qui, selon certains journalistes, s’avéreraient faux.

A la lecture des informations que je rapporte ici, ce jugement me semble un déni total de justice et j’éprouve la plus grande souffrance pour cette femme et pour ses trois filles. Comment croire encore, après cela, en la justice des hommes ?…

La barbarie des fous de Dieu et le prix de la Liberté

Gourdel Hervé 2014-09-22

Quelques-uns de mes fidèles lecteurs s’étonnent que je n’aie rien écrit à propos de l’assassinat innommable d’Hervé Gourdel et d’autres otages.

La raison en est simple : tout a été dit sur l’horreur et l’atrocité de ces exécutions, et je n’ai rien à ajouter, si ce n’est mon indignation, mon écœurement. Comment des hommes peuvent-ils sombrer dans une telle barbarie ?…

Nous pourrions croire que le monde vient d’atteindre des sommets jamais dépassés dans l’horreur. Et pourtant. En cette période où l’on parle temps de la dernière guerre, rappelons-nous :

Les dizaines de milliers de massacres et de viols à Nankin, en décembre 1937, par les soldats de l’armée impériale japonaise, lors de leur attaque de la Chine.

Les crimes abominables perpétrés par les troupes allemands lors de l’invasion de la Russie en juin 1941.

Les viols de deux millions ?!!! de Berlinoises en 1945, lors de la prise de Berlin par les soldats soviétiques !

La liste, hélas, est loin d’être close. Je cite simplement ces trois exemples pour rappeler que la barbarie n’est pas une invention de notre siècle.

L’homme est capable du meilleur comme du pire, et je me demande parfois si la violence, la barbarie ne sont pas inscrites dans ses gènes…

La folie des djihadistes – qui massacrent souvent les personnes les plus philanthropiques, les plus généreuses – nous rappelle une chose. Que la Liberté, cette Liberté à laquelle nous sommes tant attachés, a un prix, qu’elle n’est jamais acquise définitivement et qu’il faut souvent se battre pour qu’elle l’emporte. Or, sachons-le, la lutte pour Liberté peut se payer du sacrifice de sa vie.

Nos soldats en opérations ici et là dans le monde risquent chaque jour leur vie pour elle, et parfois la donnent.

Mais qui, à part eux, est encore capable de mourir pour la Liberté ?…

L’Occident, qui connaissait une paix relative depuis soixante-dix ans, va devoir réapprendre le prix de la Liberté… Et, sans vouloir jouer les prophètes de malheur, je demande parfois si nous ne sommes pas au début d’une Troisième Guerre mondiale…

Justice belge : une libération regrettable.

La libération de Michelle Martin (ex Dutroux) provoque un grand émoi et une grande effervescence en Belgique.

Comme dit l’Ecclésiaste (chapitre 3), il est temps pour tout. Un temps pour aimer et un temps pour haïr. Et j’ajouterai un temps pour la colère et un temps pour le pardon.

Une société ne peut avancer sans le pardon. Et il ne peut y avoir de justice sans amour.

Cependant, dans le cas d’une femme complice de séquestration, de viols et de morts – et dans quelles conditions ?! – de quatre fillettes, je pense qu’une libération anticipée au bout de 16 ans de prison, alors qu’elle a été condamnée à 30 ans, est vraiment choquante et révoltante.

La blessure des parents de ces quatre fillettes n’est pas refermée – et ne se refermera jamais. Cette libération ravive la haine et le désir de vengeance. Le cœur ne peut pas pardonner.

Michelle Martin dit avoir retrouvé la foi. Soit. Mais comment, elle, qui a fait tant de mal à des enfants innocentes, peut-elle demander à vivre dans la prison dorée d’un couvent ? Son devoir, son Dieu, ne lui demandent-t-il pas d’expier l’inexpiable, et pour cela d’endurer, sans demander d’élargissement, les 14 années de prison qu’il lui reste à faire ?…

D’aucuns admirent les religieuses qui vont l’héberger. Je ne partage pas cette admiration. Cela me rappelle trop la complicité des gens d’Eglise à la fin de la guerre qui aidèrent les pires criminels nazis à échapper à la justice.

Etre chrétien ne demande pas de céder à la sensiblerie et la pusillanimité, mais exige, en plus de l’Amour recommandé par les Evangiles, la fermeté vis-à-vis des criminels et le respect des victimes.

En résumé, je dirai que cette libération est prématurée et que les policiers qui sont obligés d’assurer la sécurité de Michelle Martin seraient certainement plus utiles ailleurs si cette dernière était restée en prison.

Viol et assassinat d’Agnès Marin : fiction et réalité…

Le petit village du Chambon-sur-Lignon et la France tout entière sont bouleversés par le viol et l’assassinat d’Agnès Marin, cette collégienne de 13 ans. Une famille connaît un deuil cruel.

Mathieu, le meurtrier, un jeune collégien de 17 ans, avait déjà été inculpé pour un viol sur mineure en août 2010.

Ce drame soulève une nouvelle fois la question des lenteurs de la justice et du maintien liberté de certains criminels : pourquoi ce jeune, qui avait été inculpé en août 2010, n’avait-il pas encore été jugé et placé dans un centre de détention adapté ?…

Il soulève également la question de la récidive et des expertises psychiatriques. On pose aux psychiatres des questions auxquelles nul ne pourra jamais répondre : comment savoir si un criminel n’est plus dangereux, est guéri et ne recommencera pas ?…

Enfin, nous savons tous que les suivis psychiatriques imposés à certains, très souvent ne se font pas, faute de moyens.

Nos responsables politiques devront répondre à ces questions, mais je voudrais ici en poser d’autres.

Je veux parler de la violence des jeux vidéo, de nombreux films, et de la banalisation de la pornographie. Dès leur plus jeune âge, les jeunes baignent dans cette atmosphère immorale, malsaine et pernicieuse.

Au point qu’ils ne font plus la différence entre la fiction et la réalité, au point qu’ils ne sont plus retenus par la moindre barrière morale.

Les parents et les éducateurs ont une lourde responsabilité dans les crimes que nous rapportent chaque jour les journaux.

Mais plus que les parents encore, les responsables d’un grand nombre de dérives de nos adolescents, sont ceux qui commercialisent ces jeux, ces films, et tous les médias qui rapportent chaque jour des crimes et des scènes de guerre.

Nous avons deux petits-enfants de 5 et 3 ans. Ils viennent souvent chez nous. Là nous jouons avec eux au jeu de l’oie, aux petits chevaux, aux dames. Nous leur lisons ou racontons de saines histoires et, quand nous leur mettons des dessins animés, c’est pour regarder « Choupi et Doudou », la « Panthère rose », « Boule et Bill », « Tintin au Tibet » et autres.

Bref, des dessins animés dans lesquels il n’y a pas de scènes de violence, ni de viol. Pas des scènes de guerre. Pas de sang.

D’aucuns diront que nous sommes ringards. Je ne crois pas.

La personnalité du petit l’homme se forge dès ses premières années. Et c’est en baignant dès le plus jeune âge dans une atmosphère harmonieuse d’amour et de fraternité, qu’il deviendra un être droit, honnête et respectueux des autres.

Bien évidemment cela n’empêchera pas certains de sombrer dans la délinquance, la drogue et le crime. Il est, hélas, des adultes qui rejettent les valeurs apprises dans leur enfance. C’est là la rançon de la liberté.

Mais cela limitera le nombre des dérives à l’heure de l’adolescence.

Au nom de la sacro-sainte liberté, la censure est interdite et pourtant tout n’est pas bon pour les enfants. Loin de là.

Il appartient bien sûr aux parents de faire cette censure. Mais, bien souvent – trop souvent ! – pris par le temps et la fatigue, ils adoptent la solution de facilité et laissent leurs enfants jouer à la guerre sur leurs consoles ou regarder n’importe quoi à la télévision.

Et il y a de plus en plus de familles monoparentales dont le responsable n’a plus le temps de veiller aux activités de ses enfants.

Je prétends donc que les créateurs de jeux violents, les producteurs de certains films qui banalisent la cruauté et la barbarie, les médias – TV et radios – qui se repaissent de scènes morbides ou qui incitent à la débauche avec des numéros de téléphone où joindre des prostituées, ont une grande part de responsabilité dans les drames de notre triste époque !…

Pour finir, je rappellerai que les habitants de ce petit village du Chambon-sur-Lignon si cruellement marqué aujourd’hui, ont sauvé un très grand nombre de juifs pendant la dernière guerre.

C’est cette image de dévouement aux autres, avec tous les dangers qu’il comportait, que je veux garder. Et qu’il faut garder. C’est cet exemple de fraternité courageuse qu’il faut avant tout rappeler.

Loïc Sécher : une justice apaisée…

L’acquittement, vendredi soir, de Loïc Sécher, accusé fin 2000 de viols et d’agressions sexuelles par une adolescente de 14 ans, condamné en 2003 à 16 ans de prison, peine confirmée en appel en 2004 puis plus tard en Cassation, cet acquittement réconcilie avec la justice des hommes. Mais que de souffrances pour y parvenir ! Quel chemin de croix que rien ne pourra complètement effacer.

Loïc Sécher, bien qu’il eût toujours clamé son innocence, a fait sept ans de prison pour des viols qu’il n’a jamais commis. C’est pour un homme une terrible épreuve. A la perte de ses amis, aux doutes de ses proches, s’ajoutent les humiliations et les coups des codétenus qui ne supportent pas les « pointeurs » (délinquants sexuels) !

Et il est probable que si cette adolescente, mal dans sa peau et au psychisme fragile, ne s’était pas rétractée en 2008 et n’avait pas avoué qu’elle avait menti, Loïc Sécher serait encore en prison. Mais, il lui fallut encore attendre le 13 avril 2010 – soit deux ans après cette rétractation – pour que la Cour de révision ordonne sa libération et la tenue d’un nouveau procès.

Et il lui a fallu attendre encore ce 24 juin 2011, pour que la Cour d’assises d’appel de Paris annule sa condamnation et l’acquitte, sans l’ombre d’un doute. Entre temps, son père est mort, qui n’aura pas la joie de voir son fils reconnu innocent…

J’admire la sérénité de cet homme. Pas la moindre trace de haine pour celle qui l’a si injustement accusé et qui est à l’origine de son calvaire. Chapeau ! Il souhaite que ce procès soit pour elle l’occasion de se « reconstruire ». Il pense que cela va « lui apporter une libération ».

Il déclare n’avoir pas d’ennemi, sinon lui-même et déclarait en avril 2010, au moment de sa libération : « Je suis en paix avec moi-même, je n’en veux à personne ; j’en veux à l’institution judiciaire, pas à des personnes en particulier ». Et aujourd’hui, il n’a qu’un souhait « rester en paix et retourner dans l’anonymat ». Souhait qu’il partage avec cette adolescente devenue jeune femme, rongée par le remords et avec qui il a pu s’entretenir dans un huis clos certainement émouvant.

On a là – par delà une terrible erreur judiciaire – un magnifique exemple de ce que devrait être la Justice. Un retour à la paix, à la sérénité. Une réconciliation.

Je lis, ici et là, que la vie de cet homme est foutue. Comment peut-on dire des âneries pareilles ! Il a mûri. Il a grandi. Et une nouvelle vie commence pour lui que je souhaite inondée des plus beaux rayons de soleil.