La fuite du temps…

Qui n’a jamais été pris de vertige
par la fuite du temps ?!…
Les poètes savent particulièrement
traduire cet effroi…

Tout s’écoule
et les êtres ne revêtent
qu’une forme fugitive
Le temps lui-même passe
d’un mouvement ininterrompu,
tout comme un fleuve.
Car, pas plus que le fleuve
l’heure rapide ne peut s’arrêter ;
mais, comme le fleuve est poussé par le flot,
comme la même onde pressée dans sa course
presse à son tour celle qui la précède,
du même mouvement égal,
ainsi les heures fuient et se suivent
toujours différentes ;
car ce qui fut un instant auparavant
est déjà loin,
ce qui n’avait jamais été, est
et tout instant de la durée
et une création nouvelle.

Ovide – Les Métamorphoses – XV, vers 178-185
GF Flammarion – traduction de Joseph Chamonard.
Poète latin très en vue, Ovide (-43 +17)
fut exilé, à l’âge de 50 ans par Auguste,
pour une raison inconnue,
et finit tristement sa vie loin de Rome,
à Tomes, au bord de la mer Noire
(l’actuelle Constantza en Roumanie).

Mort d’un enfant, voici 23 siècles !…

La mort de cette jeune maman
sur laquelle j’ai écrit quelques lignes hier
et son fils âgé de trois ans
qui est resté près d’elle pendant deux ou trois jours
croyant qu’elle dormait,
me font penser à la mort de ce jeune enfant,
tombé dans un puits et dont un poète grec a rapporté l’histoire,
voici 23 siècles !

Agé de trois ans, alors qu’il jouait autour d’un puits,
Archianax fut attiré par la vaine image de ses traits.
La mère retira son enfant mouillé hors de l’eau
et chercha s’il avait encore un souffle de vie.
Mais le bambin n’avait pas souillé le séjour des Nymphes.
Endormi sur les genoux de sa mère,
il dort d’un long sommeil.

La fin fait penser à la dernière strophe du Dormeur du Val
d’Arthur Rimbaud :

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

Epigramme de Posidippe ou de Callimaque
(Anthologie Palatine – Epigrammes funéraires – p.170)

« Maman dort. »

En ces jours où l’on vient de fêter Noël
qui voudrait être la fête de la joie et de l’Espérance,
où l’on échange des vœux avec ses proches,
et où les longues nuits d’hiver commencent à raccourcir
je songe à ce petit garçon de trois ans,
qui est resté deux ? trois jours ?
près de sa maman emportée par une rupture d’anévrisme.
« Maman dort » a-t-il dit à son grand-père
qui appelait au téléphone.
Quelle tristesse !
S’il est vrai que la mort n’est qu’une nuit de sommeil
un peu plus longue que les autres
sans rêves ? et sans réveil,
et que les cimetières sont les « lieux où l’on dort »,
comme il est cruel de perdre si jeune, une maman !
Oui, que la vie est cruelle !
A ce petit garçon,
à ces grands-parents,
qui ne liront sans doute jamais ces lignes,
je voudrais dire simplement
toute mon affection
toute ma communion de pensée.
Et, si la pensée pour celui qui doute
a les mêmes pouvoirs que la prière pour le croyant,
je voudrais qu’elle atteigne miraculeusement
cet enfant et ces grands-parents,
et dépose sur leur cœur meurtri
un peu de chaleur
un peu d’apaisement.

Noël

Dans la nuit du monde,
au milieu des désordres de la nature,
et de la folie des hommes,
reste la petite flamme de Noël.
Fragile, prête à s’éteindre,
et qui pourtant surmonte les hivers les plus rudes
et est porteuse de tant d’Espérance !
Que l’on soit croyant ou non,
Noël nous rappelle toutes les promesses
contenues dans un enfant,
dans tout enfant qui vient de naître.
Il nous rappelle le miracle sans cesse renouvelé
de la Vie.
Alors, oublions, le temps d’un jour,
la stérilité et la stupidité de nos querelles,
et unissons nos efforts
pour jeter les bases de ce monde juste et fraternel
dont nous rêvons tous !
Laissons la petite flamme de Noël
illuminer notre nuit !
Cessons de voir en l’autre un ennemi !
Chrétiens, juifs, musulmans,
athées, agnostiques,
respectons-nous mutuellement !
Cessons de nous combattre !
Ne prétendons pas être les seuls à détenir la Vérité !
Et, que l’on croit au Ciel ou que l’on n’y croit pas,
mettons un terme aux haines, aux violences, aux vengeances,
qui sèment de tant de larmes,
qui répandent tant de souffrances !
Et écoutons les appels à l’Amour
que notre cœur ne cesse de nous répéter !
Et s’il nous est trop dur de pardonner
à nos ennemis d’aujourd’hui ou d’hier,
refusons l’engrenage de la vengeance
et laissons nos enfants
et les enfants de nos enfants,
ceux qui viennent de naître
et ceux qui naîtront demain,
pardonner ce que nous n’aurons eu ni la force,
ni le courage de pardonner,
et construire ce monde fraternel
de justice et de paix qui est auquel nous aspirons tous.
Oui, Laissons-nous illuminer par la flamme de Noël
plus forte que la nuit
et qui brûle dans notre cœur !

Sous le ciel pommelé de Cappadoce…


Sous le ciel pommelé de Cappadoce
les cheminées de fée
dressent leur silhouette énigmatique.
Une nouvelle nuit se prépare.
Dans un instant l’obscurité
ravira ces ombres qui se confondent
avec le ciel.
Ainsi en est-il de nos pas,
empreintes éphémères à la surface de la terre,
qui disparaîtront à jamais,
un soir ou un matin,
et dont nos descendants
chercheront avec peine le tracé
balayé et emporté
par les vents de la vie…
le 1er novembre 2010 – HL

Poème d’automne

« Ce soir j’ai entendu chanter le Rossignol….. ? »

Les brumes de l’Automne
ont voilé la Maison…
Plus de rires d’enfants
Plus de jouets oubliés…
Et des cœurs déchirés… !

La vie a ses saisons…
Et le bonheur aussi…
Les printemps sont finis…
Finis sont les étés !
Le silence d’hiver
s’étend sur la maison… !

Mais… nous restons ensemble…
Mais… nous sommes tous les deux… ?
Deux pour se souvenir…
Et… deux pour nous aimer !
Il faut sourire encore… !
Vois… la nuit est si belle
Le ciel est plein d’étoiles… ?
………………………………
Ce soir j’ai entendu chanter le Rossignol…

Je retrouve, au milieu de papiers jaunis,
ce poème écrit en 1970, au soir de sa vie
par une amie de mes parents, Mme Gendrel.
Elle se retrouvait seule avec son mari.
Ils n’avaient eu qu’un fils,
tué en Indochine en 1949 ou 1950.

Photo empruntée à Loïc Le Brusq